Tout est parti d’un accord aux législatives 2022. La NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale) se constituait afin de faire bloc contre le projet macroniste et l’extrême droite.
Pour aller plus loin que le simple accord électoral et remporter des victoires concrètes localement, il faut créer la confiance, le cadre démocratique et surtout, un collectif.
Il ne faut pas l’oublier, cet accord est, avant tout, le fruit du désaccord à gauche. En effet, les scores cumulés de la gauche sont supérieurs à ceux du RN et auraient probablement permis de passer le second tour en cas d’union. Ce n’est pas le cas dans le Douaisis qui fait, malheureusement, face à une contagion du vote d’extrême droite, comme les élections présidentielles et législatives l’ont démontré.
Sur le point de l’Union, la lecture de la France Insoumise est que le PCF (Parti Communiste Français) aurait dû soutenir Jean-Luc Mélenchon ce qui lui permettait l’accès au second tour.
Pour ma part, je pense que l’échec de cette union est l’impréparation : il eût été possible de trouver des terrains d’entente communs en ayant des négociations programmatiques sincères et des règles de désignation claires.
Malheureusement, chaque camp était arc-bouté sur ses faire valoir : LFI sur le score de Jean-Luc Mélenchon aux dernières présidentielles, EÉLV sur leur score aux européennes, le PS focalisé sur sa renaissance et le PCF sur son indépendance vis à vis du forcing LFI…
La société civile, au travers de la primaire populaire, a fait une tentative de clé de bras pour forcer une union autour d’un processus de désignation déterminé et d’un socle de valeurs communes. Une tentative qui s’est soldée par un échec.
On peut regretter, d’ailleurs, que rien de sérieux n’ait été mis en place à ce jour pour préparer les Présidentielles 2027. Une fois encore, ce sera l’anticipation qui sera la clé de l’union, et de la victoire.
Comme l’a rappelé notre nouvelle secrétaire nationale, Marine Tondelier, il est exclu de faire une union pour les européennes de 2024. La LFI, appelait à une liste d’union arguant du score qu’elle pourrait faire, notamment pour surpasser celui du RN.
Bien-sûr, LFI se défend de toute malice, mais il va de soi que cette élection sera nécessairement un étalon des rapports de force entre les partis en France. Une union serait une manière de conserver les résultats des élections présidentielles comme unique précédent, résultats en faveur, bien-sûr, de la France Insoumise.
Pour ma part, je pense que les français⋅es savent faire une addition et qu’il n’y a aucune nécessité d’union. En revanche, je vois bien l’intérêt d’un pacte de non-agression et d’une compétition saine. Les européennes 2019 ont été l’occasion d’un bon nombre d’attaques regrettables qui, de mon pont de vue, nuisent à toustes, mais surtout à l’image de la gauche de façon générale et à sa mobilisation contre ses adversaires véritables.
Enfin, souvenons-nous que les élections européennes sont une des rares élections proportionnelles intégrales. C’est ce que souhaite beaucoup de monde à gauche, notamment parce qu’avec ce système, plus représentatif, les partis pourraient exister sans que les alliances soient un passage obligé.
De quoi aurions-nous l’air si, finalement, face à l’opportunité de mettre en œuvre la démocratie que nous demandons, si nous adoptions les réflexes du système que nous souhaitons abolir ?
En revanche, nous pouvons envisager donner corps à nos idées communes et débattre de nos différences localement, exemplairement, afin de donner à voir aux citoyen⋅nes l’intelligence collective dont nous pourrions nous réclamer ensuite. L’incarnation de nos valeurs démocratiques est la clé de la confiance des électeurices.
Lorsque je me suis engagé politiquement, j’ai choisi EÉLV car un voisin m’a qualifié d’écolo et j’ai pris conscience, qu’il avait bien raison. Mais, j’avais regardé les statuts des divers partis de gauche car la crise des gilets jaunes m’avait convaincu de la nécessité de devenir acteur de la démocratie et de sortir de la prophétie auto réalisatrice du "toustes pourri⋅es".
N’ayant pas trouvé les statuts de la France Insoumise, j’ai rapidement renoncé à creusé de ce côté. Au contraire, les statuts d’EÉLV étaient disponibles, clairs et semblaient, dans l’intention, correspondre à l’idée que je me faisais d’un fonctionnement démocratique dans un parti politique.
Bien sûr, il n’est pas question pour la NUPES de faire un EÉLV bis, mais je ne veux pas non-plus d’un mouvement gazeux et vertical. Entre la légitimité du premier et l’efficacité du second, il me semble qu’il existe un point d’équilibre.
C’est pourquoi il me semble important pour, éviter le délitement d’une dynamique d’union balbutiante, de fixer un cadre démocratique et des règles du jeu. Une bonne base : création d’une assemblée délibérante incluant la société civile sur la base d’une personne égal une voie pour toute position locale prise au nom de la NUPES.
C’est d’autant plus important qu’à Douai, en particulier, il subsiste du ressentiment et de l’amertume concernant les précédentes échéances électorales.
Bien-sûr, il y a eu les municipales 2020 à Douai et le soutien de LFI à François Guiffard qui a finalement rejoint Christian Poiret (divers droite) pendant que le reste de la gauche Douaisienne faisait l’union avec la liste Douai au Cœur. Malgré les remous et le COVID, notre liste a été victorieuse, mais cette victoire eût pu être plus large avec plus de véléités d’union.
Cela aurait aussi permis aux insoumis⋅es d’expérimenter des mandats d’élu⋅es locaux ce qui aujourd’hui nous apporte énormément d’expérience, de connexion et de compréhension des enjeux locaux et du fonctionnement des institutions.
Mais surtout, il y a eu les départementales 2021, où toute la gauche était une nouvelle fois unie autour du quadrinôme : Katia Bitnerr, Frédéric Chéreau, Auriane Ait Lasri et Jean-Luc Dellacherie. Toute la gauche sauf une nouvelle fois LFI.
La campagne a été rude, il n’était pas rare que je retrouve des affiches LFI sur les nôtres (même régionales dont LFI était pourtant partie prenante). Au second tour, il y aura un timide (pas de conférence de presse, pas d’article) appel à voter pour notre liste mais aucun engagement sur le terrain de la part d’équipes pourtant très actives au premier.
In fine, c’est à 345 voix que s’est joué le résultat. Une nouvelle fois, c’est Chritian Poiret qui a tiré parti de la désunion et de la désorganisation de la gauche à Douai. Le Douaisis aurait pu faire sa part en l’empêchant, par les urnes, de devenir Président du département du Nord et d’y amplifier ses politiques anti-sociales.
Dans ce contexte, forcément, les accords nationaux qui ont désigné le binôme LFI qui avait été face à nous aux départementales ont eu un goût amer. Ils ont occulté les dynamiques locales, la NUPES, elle était faite depuis longtemps à Douai, en dépit du contre-feu LFI. Cela n’a pas été évident à accepter et, vécu comme une violence par certain⋅es. Malgré tout, le sens de l’intérêt général l’a emporté et il n’y a pas eu de candidature dissidente. C’est aussi la raison pour laquelle je rédige ce billet, seulement maintenant, après avoir fait bloc.
Aujourd’hui, il ne s’agit pas de refaire l’histoire, mais de tisser des liens sincères qui permettent de travailler localement. Bien-sûr le cadre cité plus haut est une voie possible, mais je pense qu’il est nécessaire aussi de clarifier la situation et, surtout, les intentions de chacun⋅e.
À ce jour, aucune position publique n’a été prise de la part du groupe local LFI sur son attitude aux prochaines élections municipales (notamment vis à vis de la liste soutenue en 2020 dont je reparlerai ici) quand la droite s’organise déjà. Au sein d’EÉLV Douaisis, notre dernière AG a voté une motion sur la base de la proposition que j’ai rédigée.
Notre projet est clair : rechercher l’union (toute en parant à toutes les éventualités, en responsabilité) mais avec un processus transparent et un méthodologie rigoureuse et programmatique. Il me semble important que chaque formation se prête à l’exercice, tire un bilan public de ces dernières années comme nous le ferons.
Je le répète chaque fois que j’en ai l’occasion : pour connaître nos convergences et nos désaccords, il faut se parler. Sans instituer un cadre concerté au préalable et validé par toustes, ces moments d’échange n’existeront pas.
À nous de les créer, EÉLV Douaisis y prendra part, conformément à la réaffirmation de ses orientations, dans la continuité du travail réalisé et des discussions entreprises à l’occasion des municipales 2020.
Publié le samedi 8 avril 2023 à 11:20:00.