Vous le savez, j’ai été signataire, de la Primaire Populaire qui, au moment de son lancement (ou re-lancement, nous le verrons plus loin), m’a parût être une bonne idée. Aujourd’hui, force est de constater que cette initiative n’est plus que l’ombre d’elle même.
Pour rappel, celle-ci était restée plus ou moins sous les radars des médias, jusqu’à ce qu’Anne Hidalgo se prononce en faveur d’une primaire (alors même qu’elle n’en a pas voulu au sein du Parti Socialiste).
Effet, quasi immédiat, une candidature de Christiane Taubira qui a tout de suite ferré une opportunité d’entrer dans l’arène en se posant d’emblée comme la femme providentielle qui saura réunir la gauche (et peut-être une partie des écologistes) sans apparaître comme celle qui la divise encore plus.
Il faut avoir à l’esprit que la primaire populaire est une sorte de "suite" du mouvement LaPrimaire.org qui avait déjà désigné Charlotte Marchandise comme candidate à l’élection présidentielle. J’ai d’ailleurs raillé Christiane Taubira qui semblait méconnaître l’histoire de cette primaire.
À l’époque, d’ailleurs, je n’étais pas encore adhérent d’EÉLV et avait suivi de près son déroulement. C’est d’ailleurs, relancé le 31 octobre 2020 par l’organisation de cette primaire que j’ai appris l’existence de ce nouvel épisode.
Chose formidable, très peu de temps après, constatant que la manœuvre ne lui a pas permis de décoller dans les sondages, Anne Hidago, poursuivit l’intrigue en déclarant qu’elle ne tiendrait aucun compte du résultat du vote de la Primaire Populaire devenu, entre temps, une "investiture citoyenne" pour des raisons légales, si j’ai bien suivi.
Comme si cela ne suffisait pas, une fuite a révélé une vidéo interne de cette primaire dans laquelle on peut voir un initiateur de cette dernière expliquer quelle stratégie la primaire déployait pour forcer la main des non-candidat·es.
Autre sujet faisant débat, les modalités de vote qui permettent les inscriptions multiples (2 par carte bleue), et comme il n’y a pas de contrepartie financière et que les cartes bleues temporaires peuvent fonctionner, il devient difficile de faire le tri entre véritables votes et tentative de rendre le scrutin insincère.
En réaction à tout cela, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon ont déclaré qu’ils ne souhaitaient pas participer à cette primaire.
Bref, l’apothéose de cette histoire se déroule aujourd’hui peu après 17h, heure de clôture des votes.
De mon côté, pour toutes ces raisons, j’ai décidé de ne pas voter à cette primaire dont le résultat m’importe peu.
Malheureusement, les doutes importants que j’ai émis au sujet de celle-ci se sont révélés bien en deçà du pitoyable déroulement de cette dernière et de la farce tragi-comique qu’elle est maintenant devenue.
Aucun travail programmatique sérieux n’a été entrepris, ces derniers font pâle figure face aux projets Vivants et l’Avenir en Commun.
Sur le Douaisis en particulier, pas une affiche pour Anne Hidalgo, et quelques mini actions de campagne de la part du PRG (soutien de Christiane Taubira) on été entrepris à quelques jours du vote quand les campagnes pour Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon sont bien lancées.
Depuis que j’assure l’interim du comité de soutien de Yannick Jadot en attendant une nommination officielle, déjà plusieurs vagues vertes, tournées de collage et tractages ont été organisés.
Les dynamiques ne sont plus à l’union bricolée, mais à un choix binaire, que l’on peut regretter, mais qui s’impose progressivement à nous : le projet de l’union des écologistes (EÉLV, Génération.s, Mouvement des progressistes, Génération Écologie) ou celui de la France Insoumise.
Et même si un de ces deux candidats était investi, alors, je ne pense pas que ce sera de nature à arbitrer le match. En effet, l’engagement de cette investiture est de faire campagne pour la/le candidat·e sélectionné. Mais sans base idéologique solide, celles et ceux qui n’ont eu, à ce jour, qu’à remplir un ou deux formulaires, vont-iels vraiment devenir des militant·es ? J’en doute fort.
C’est un autre échec de cette primaire : faire de la politique sans politiser son audience. Une primaire saine aurait vu un combat d’idées, des débats, des discours, des prises de position, comme cela a été le cas pour les écologistes (j’ai par exemple collé pour Éric Piolle dans le Douaisis puis tiré les conclusions du vote pour faire gagner l’écologie).
En lieu et place de cela, on assiste à une parade idéologiquement creuse de la seule candidate qui s’y est engouffrée.
C’est pour cela que, voyant que cette primaire ne menait à rien, j’ai naturellement choisi de soutenir le candidat avec lequel j’ai la plus grande proximité idéologique, et de faire campagne pour donner toutes ses chances à une alternative écologique d’advenir.
Ce candidat, c’est bien entendu Yannick Jadot ! Et la campagne prend vigueur et ampleur, dans le Douaisis comme ailleurs !
Pour autant, et c’est la raison d’être de ce billet, je pense qu’il ne faut pas renoncer à l’idée de s’unir pour offrir une alternative. Mais cela ne peut se faire qu’avec un très important travail en amont et autour de valeurs communes clairement identifiées.
Il est trop tard pour 2022 mais il ne s’agit pas, cependant, que cet échec soit le prétexte à toute tentative future. Effectivement, ce serait probablement le moyen le plus sûr de remporter les élections présidentielles et de mettre en œuvre toutes ces idées que portent les écologistes et les humanistes de concert.
Je pense qu’une réforme des institutions permettant à toute la diversité de nos sensibilités d’être représentée est nécessaire : au sein du parlement (avec la proportionnelle) et via le scrutin présidentiel (avec le jugement majoritaire qui lui permettrait d’être autre chose qu’une guerre des chefs). Ces deux mesures simples doivent être la colonne vertébrale de toute union car elle mettrait, en même temps, fin à la nécessité de cette dernière.
Je serais alors très heureux d’y participer. Peut-être, simplement, organisée autrement et par une autre organisation qui soit plus crédible. Nous devons nous y atteler dès la fin de ces séquences électorales, la nature ayant horreur du vide…
Publié le dimanche 30 janvier 2022 à 09:00:00.