L'écologie dans le Douaisis, avec et pour vous !Nicolas Froidure

L’Union des Écologistes et de la Gauche : pour quoi faire ?

Avec sa récente déclaration, Anne Hidalgo, candidate du Parti Socialiste, tente de se sortir par le haut de l’atonie d’une campagne (en berne dès les premiers jours) en sortant la carte d’une primaire, notamment de la Primaire Populaire.

L’occasion pour moi de parler de l’Union des Écologistes et de la Gauche, des raisons qui me poussent à la souhaiter et des conditions qu’elle doit réunir.

L’union pour quoi ? 🔗

La première question qui se pose, c’est évidemment celle du sens. Existe-t-il suffisamment de points communs entre les écologistes et la gauche ? Si oui lesquels en quelle proportion ?

À cette question, comme la plupart des sympathisant·es écologistes et de gauche, je réponds oui.

Les points communs entre le programme de Yannick Jadot et celui de Jean-Luc Mélenchon sont très nombreux, ils divergent simplement sur quelques points comme la place de l’Europe ou la planification écologique.

Avec les communistes, c’est principalement la question du nucléaire, mais plus généralement, celle du productivisme qui nous divisent.

Enfin, avec les socialistes, c’est très certainement l’accointance libérale prononcée, mais surtout, l’historique peu glorieux de la dernière mandature PS avec François Hollande.

Bien que non-négligeables, je pense que ces points ne font pas obstacle à une Union sur le fond. Tout d’abord parce que nos adversaires sont si loin de notre corpus idéologique qu’une simple variation due au consensus n’est pas de nature à contre-balancer le risque de voir Emmanuel Macron effectuer un nouveau mandat.

Mais aussi parce qu’au sein même de nos partis, des différences existent et qu’il est parfois bien difficile de distinguer un·e insoumis·e d’un·e écologiste ou un·e écologist·e d’un socialiste selon qu’on se retrouve dans le quart de Yannick Jadot, Sandrine Rousseau, Delphine Batho ou Éric Piolle au sein du pôle écologiste.

Bref, on le voit c’est aussi important de savoir qui au sein de nos partis respectifs sera désigné pour porter la campagne et constituer le gouvernement.

L’union de qui ? 🔗

Ce qui m’offre une transition sur la seconde question : qui ? Aujourd’hui, les partis se sont orientés et mis en ordre de marche pour partir dans une configuration égocentrée. Yannick Jadot est le consensus écologiste, Jean-Luc Mélenchon est le candidat de l’unisson LFI (pour ne pas dire du culte de la personnalité), Anne Hidalgo est probablement pour le PS ce qu’il y avait de mieux (rappelons que Stéphane Le Fol était son seul opposant) et Fabien Roussel est un communiste.

Ce qui est ennuyeux là dedans est qu’aucun·e de ces candidat·es n’est représentatif du consensus qui pourrait, à mon sens, représenter idéalement une union large de la gauche, taillée pour gagner. Dans ce type de configuration, des candidat·es tels qu’Éric Piolle, Clémentine Autain ou encore François Ruffin sont bien plus à même d’incarner cette union.

C’est clairement stratégique, dans le contexte d’une Union, de revoir l’incarnation de nos forces, voire, de désigner des personnes en dehors du cadre partisan. Le risque, autrement, et dans le Nord-Pas-de-Calais, nous l’avons amèrement appris : l’union des étiquettes ne fait pas l’union militante, le risque est qu’une partie d’entre nous ne fasse pas campagne, ou n’aille carrément pas voter.

Il y aura probablement un communiste ou un socialiste pour me reprocher de ne pas avoir cité de candidat PS/PC pour incarner ce consensus, mais c’est à dessein.

Tout d’abord, c’est le fruit d’un rapport de force et c’est ici qu’est l’imposture d’Anne Hidalgo. En proposant une primaire plutôt qu’en décidant de rejoindre une dynamique existante, elle tente de renverser un rapport de force qui lui est clairement défavorable et n’est finalement que le reflet de la défiance compréhensible des sympathisant·es écologistes et de gauche.

Quand à Fabien Roussel, on ne peut guerre faire plus que de constater que le communisme ne connaît pas le renouveau qu’il espère d’une idéologie aujourd’hui séculaire et donc peu adaptée à l’évolution de nos sociétés.

Les forces en présence sont clairement les écologistes et les insoumis·es, que ce soit en terme de visibilité qu’en terme de popularité. C’est l’appréciable manifestation que ce qu’il reste de gauche l’est vraiment et que l’écologie recentre les débats simplistes d’une pensée sensée être représentable sur un simple axe gauche-droite quand le monde est d’une complexité infinie.

Bref, pour moi, le consensus doit se fonder sur des rapports de force électoraux, mais aussi sur des personnes qui incarnent un point de vue médian majoritairement. En ce sens, le risque majeur d’une primaire de candidat·es élu·es, à part, par chaque formation, est de sélectionner un·e candidat·e qui ne satisfasse qu’un seul camp.

L’union comment ? 🔗

La direction pointée par les partisan·nes du rassemblement de dernière minute est la Primaire Populaire.

Les règles qu’elle propose (scrutin préférentiel) mitigent le risque en assurant un choix acceptable par un large socle militant, si la sincérité du vote est respectée (étant donné qu’il s’agit de confrontation entre partis, des mots d’ordre peuvent peut-être biaiser le résultat).

En revanche, à ce jour, il semble possible qu’il y ait d’autres candidatures que celles évoquées ci-dessus à la Primaire Populaire, le mode de scrutin ne devrait pas permettre les coups en bande avec des candidatures de témoignage, mais je ne suis pas expert du domaine pour l’affirmer avec certitude.

Ces candidatures supplémentaires possibles seraient peut-être bienvenues, mais, par exemple, les personnes qui me semblent consensuelles se sont retirées suite aux désignations internes de chaque parti.

Considérations stratégiques 🔗

Photo du combat qui devrait nous rassembler

Un gros point noir reste tout de même à prendre en compte : les chances de victoire. Il me semble préférable de faire un premier tour sous la bannière écologiste brute que d’aller au casse-pipe dilués dans une union insipide ou perdue d’avance.

Une primaire aurait des impacts dont il faut aussi être conscient·es :

  • dissipation de l’énergie militante dans des campagnes internes pour la primaire,

  • important travail de constitution d’un programme commun et rebattement des cartes pour les désignations en cas de victoire,

  • impact important sur les législatives qui viendront dans la foulée,

  • il va falloir composer avec le virus une fois de plus dans cette campagne. Illustration : j’écris cet article en revenant de manière anticipée des cours que je devais donner aujourd’hui, trois cas COVID dans la classe de ma fille…

Aussi, n’oublions pas que malgré quelques têtes sorties du rang, la France Insoumise a eu à cœur, dès sa constitution, une stratégie hégémonique centrée autour d’un homme providentiel, je doute fortement qu’il soit possible de les faire changer d’avis. Mais ce n’est que mon opinion, je souhaite ardemment être contredit par les faits.

Enfin, n’oublions pas que le PS n’est pas en forme, mais qu’il a encore des adhérent·es, après l’annonce d’Anne Hidalgo, 20 000 inscriptions auraient été effectuées sur la plateforme. Si le PS venait à imposer sa/son candidat·es par le biais de cette primaire pour nous faire du Hollande réchauffé, ce serait la mort définitive de la gauche en France.

Et maintenant ? 🔗

Vous l’aurez compris, malgré mes importants doutes, je ne suis pas fermé à l’idée d’une primaire (je suis en fait signataire de la Primaire Populaire), mais autant la forme que le fond doivent être travaillés et le temps qu’il nous reste ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre.

Dans tous les cas, incrivez-vous pour la Primaire Populaire pour y soutenir l’écologie, évidemment !

Publié le mardi 14 décembre 2021 à 11:56:28.