La gratuité des transports provoque un véritable engouement des utilisateur·ices. Avec une augmentation du nombre des usagèr·es de 85% et un report modal estimé à 5-7%, on peut dire que c’est une victoire pour les écologistes du Douaisis (à qui l’on rétorquait encore récemment que la gratuité était trop compliquée), mais aussi pour une partie des communistes, notamment Alain Bruneel, qui défendait la gratuité des transports scolaires.
Pour que cet engouement perdure, il faut que le service des transports en commun soit irréprochable. C’est l’objectif affiché pour la création de cette fameuse ligne B (anciennement la ligne 2), mais avec un trajet pensé pour éviter les retards.
Je tiens globalement à féliciter les services du SMTD (Syndicat Mixte des Transports du Douaisis) et de la ville de Douai pour le travail de présentation réalisé devant les conseils de quartier Gayant/Faubourg de Paris et Barlet/Centre/Faubourg de Cambrai le mardi 13 juin.
Malgré les nombreuses questions des habitant·es, ces derniers ont su expliquer toute la difficulté que représente le partage de l’espace public entre les différentes mobilités.
Le projet, dans son ensemble, est très positif, on comprend que le SMTD et la ville ont travaillé main dans la main pour trouver le meilleur compromis possible et faire toutes les économies d’échelle possibles en coordonnant les travaux.
La ligne B deviendra un BHNS (bus à haut niveau de service), mais pas en site propre (c’est à dire avec une voie réservée de bout en bout) comme la ligne A.
Les travaux devraient s’étaler sur 2024/2025.
Cela dit, il existe, selon moi, des points noirs dans le projet qui soulignent un manque de volontarisme, notamment par rapport à la pratique du vélo en toute sécurité.
La place l’Hérillier sera équipée d’un rond point du même type que celui actuellement présent sur la porte de Valenciennes. C’est un type d’aménagement qui donne la part belle à la voiture car les cyclistes doivent la priorité aux automobilistes…
J’ai proposé lors de cette réunion, des aménagements supplémentaires comme :
des panneaux de limitation de vitesse à 30km/h afin de protéger les cyclistes et piétons,
des signalétiques ou marquage au sol "attention cyclistes" pour sensibiliser les automobilistes à la présence de cyclistes (il y a eu plusieurs accidents sur cette place…).
Des propositions qui rapprochent un peu l’aménagement du carrefour à la Hollandaise qui est déployé par les agglomérations et métropoles écologistes comme l’illustre la vidéo suivante.
C’est le plus gros point noir pour moi. La piste cyclable sera supprimée par le nouvel aménagement… C’est de mon point de vue totalement intolérable au regard du défi de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui est face à nous. La question n’est pas de mettre tout le monde sur un vélo, mais que celles et ceux qui le souhaitent, puissent le faire en sécurité.
Je ne compte pas le nombre de personnes qui me disent s’abstenir d’utiliser le vélo par crainte du trafic automobile. Ce n’est pas, pour le coup, un sentiment d’insécurité, mais une insécurité réelle.
Les cyclistes sont donc invité·es à se jeter dans la circulation automobile dans un sens et sur la voie de tram dans l’autre… par contre, il est prévu de conserver les stationnements de part et d’autre de la rue de Paris.
Je pense que c’est une erreur, il faut, au contraire, créer une piste cyclable à double sens de circulation séparée du trafic automobile en lieu et place d’une des deux bandes de stationnement pour sécuriser l’entrée des cyclistes dans le centre ville commerçant.
Le stationnement rue de Paris se fera par horodateur, je pense que c’est une erreur également. Comme j’ai pu le développer précédemment, les low-techs sont l’avenir de l’aménagement urbain.
Comme l’a rappelé le maire, la rue de Paris est une zone de transit. Nous divergeons cependant sur les conclusions. Un stationnement par disque permet de minimiser le temps de présence sur l’axe (et donc de maximiser le service rendu par les places existantes). Il suffit de régler le disque et de le poser sur le tableau de bord ; c’est 10 secondes montre en main pour aller chercher son pain chez Moisson (à ce propos, quand on y va en vélo, il n’y a pas d’arceaux pour l’attacher).
Cela ne consomme aucune électricité et ne demande aucune maintenance. C’est aussi simple pour toutes et tous ; pas besoin de maîtriser le smartphone ou de se rendre aux horodateurs (de plus en plus espacés alors que les personnes agé·es sont généralement les plus concernées par leur usage…).
Le contre argument proposé par Frédéric Chéreau est que le stationnement payant permet de financer le contrôle. Je pense que dans cette rue en particulier, le manque à gagner ne sera pas énorme. En tout cas, pas de quoi rémunérer les 10 équivalents temps-plein assignés à la fonction d’ASVP (agent de surveillance de la voie publique), ni même assumer l’entretien et la maintenance d’un réseau complet de stationnement payant. Je vais demander des chiffres plus précis sur ce sujet.
Le pont de Cambrai est déjà un passage difficile pour les cyclistes. Ce qu’il faudrait, à mon sens, c’est une passerelle vélo qui traverse les voies pour amener les cyclistes dans le quartier du Faubourg de Cambrai direction le centre ville (la proposition d’une piste cyclable rue Montsarrat faite par le conseil de quartier et, peut-être, rue Alexandre Descatoire qui sera réaménagée bientôt, serait un bon complément à cette stratégie).
Aux dires de Claude Hégo, l’aménagement du pont pour les cyclistes aurait un coût d’un million d’euros (soit 1/9ème du coût du boulodrome géant du Douaisis selon mes calculs…). Cet aménagement est exclût pour le moment ; les priorités de Douaisis Agglo sont décidément impénétrables.
La circulation des cyclistes rue de Cambrai ne sera pas vraiment facilitée par son nouvel aménagement. Les cyclistes partageront la route avec les voitures ou les bus en fonction de la présence ou non de voies réservées pour ces derniers. Un itinéraire "bis" sera proposé aux cyclistes via l’avenue de Twickenham pour rejoindre la place l’Hérillier. Un itinéraire qui double la distance parcourue… Le sacro saint stationnement a encore frappé !
Vous l’aurez compris, l’aménagement de la ligne B est un cas d’école du conflit d’usage de l’espace public entre la voiture, les transports en communs, les cyclistes et les piétons.
Difficile de dire, via les plans projetés mardi, ce qu’il en est pour les piétons, notamment les personnes à mobilité réduite, mais il est clair que cet aménagement se fait au détriment des cyclistes, sur l’autel de la préservation du stationnement.
On peut comprendre que dans un monde du tout auto, avec une agglomération qui persiste à déplacer la vie économique et culturelle en périphérie, il y ait encore besoin de voitures… mais pris dans le piège de l’œuf et de la poule, nous ne sommes pas prêts d’en sortir sans accepter un certain niveau de rupture avec l’ancien monde.
La question est donc, quels sont les plans de long terme pour les entrées de ville ? Pourra-t-on un jour, entrer à Douai en vélo en toute sécurité ? Au hasard, pour se rendre au collège André Streinger quand on habite au Raquet ? En l’état actuel, c’est soit on renonce à du stationnement, soit on a un plan de préemption de long terme pour élargir la rue (la rive Nord est ponctuée de friches, c’est peut-être le moment ou jamais). Sur ce point, aucun élément de réponse à ce jour.
Aussi, si l’on veut que les automobiles soient moins nombreuses, les parkings relais sont indispensables. Un parking silo du type de celui en construction sur Euradouai me semble, à terme, indispensable en entrée de ville (centre hospitalier ?). Selon Claude Hégo, c’est prévu sur le long terme, à suivre donc !
Enfin, j’ai formulé à nouveau ma vieille idée de ponctuer les trains directs intercité d’un unique arrêt pour délester les gares des villes centres (et donc le stationnements de personnes de passage qui ne font que gonfler le traffic aux heures de pointe). Sourires entendus de la part du maire et du président du SMTD ; il ne serait pas possible de parler avec la SNCF… J’ai tout de même suggéré d’essayer, 100% de celles et ceux qui ont réussi un projet l’ont entrepris.
Toutes ces remarques seront portées au dossier d’enquête publique. N’hésitez pas à m’envoyer les votres.
Finalement, j’ai ajouté à ma contribution la demande de ne pas changer le tracé de la ligne et donc, de ne pas réaliser les travaux rue de Paris pour les raisons suivantes :
la solution du feu rouge pour permettre aux bus de se croiser me semble bancale,
l’impact évident sur la sécurité des cyclistes au moment où il faudrait plutôt favoriser ce mode de déplacement est trop fort,
l’arrêt place de Gaulle n’est pas si éloigné, le parcours jusque la rue de Paris est sécurisé et accessible notamment grâce à la piétonnisation,
à terme, je souhaite que la rue de Paris soit également piétonne ainsi que toute la rue Saint-Jacques. Les différentes piétonnisations ont été des succès pour les Douaisien·nes. Avoir un bus à forte fréquence qui passe dans cette rue me semble inadapté avec ce futur possible, mais surtout, désirable de mon point de vue.
Bref, plutôt qu’engager de grand frais, il me semble opportun de temporiser l’aménagement de la rue de Paris. Le reste des aménagements reste pertinent moyennant une meilleure prise en compte des cyclistes rue de Cambrai (suppression du stationnement d’un côté pour la création de véritables pistes cyclables).
Pourquoi, enfin, ne pas utiliser l’argent ainsi économisé pour créer les aménagements cyclables rue de Cambrai (notamment la passerelle ou l’aménagement du pont de Cambrai au coût estimé à 1M€ selon Claude Hégo).
Dans le numéro 27 de son magazine institutionnel, le SMTD annonce un avis favorable suite à l’enquête publique. Le commissaire enquêteur ayant estimé que le projet répondait aux besoins du territoire en matière de mobilité tout en préservant la qualité de vie des habitant·es (en page 3).
Au même endroit, les préoccupations émises lors des contributions sont évoquées : circulation, sécurité des cyclistes, stationnement et préservation de l’environnement. Malheureusement, les ajustements du projet (évoqués en page 6) consistent en une adaptation à la marge du placement de certains stationnements et la conservation de feux tricolores.
Aucune réponse aux craintes formulées sur le passage rue de Paris ou les aménagements cyclables détériorés par le projet qui ne saisit malheureusement pas l’opportunité de ces travaux pour améliorer la cyclabilité des axes retravaillés.
Pour consulter le rapport, il est nécessaire, selon le même magazine, de se déplacer en mairie ou au siège du SMTD. J’ai tout de même fait une demande par mail car j’estime que le numérique permet d’éviter de faire perdre leur temps aux citoyen·nes qui prennent de leur temps pour s’intéresser à la chose politique. Au pire, je me déplacerai… pour lire les réponses aux contributions que j’ai formulées numériquement.
Le Schéma Directeur Modes Doux (SDMD) est également évoqué avec la création de la piste Férin / Centre Hospitalier. La route de Cambrai et la rue de Cambrai sont pourtant le prolongement naturel de cette piste qui pourrait faciliter le déplacement des férinois·es vers Douai par les modes actifs comme l’illustre cette carte de l’état actuel de la cyclabilité du Douaisis.
Suite à une réunion sur les mobilités à l’initiative des conseiller·es de quartier, j’ai appris que la proposition d’un carrefour à la Hollandaise que nous avons porté avec d’autres écologistes a été retenue. Nous verrons dans les faits si c’est bien le cas. Ce serait alors une excellente nouvelle pour la pratique du vélo dans le Douaisis.
Le rond point de la place l’Hériller sera dans l’esprit d’un rond point à la Hollandaise, mais malheureusement, selon l’affichage installé, les pistes ne seront pas matérialisées dans la masse. J’ai prévenu l’adjoint en charge du problème et du fait que cela ne suivait pas l’esprit de ce type de rond point.
Je lui ai également demandé si il était possible de faire des campagnes de prévention pour expliquer l’utilisation de ce rond-point car ma crainte est que, le temps que les mentalités ne changent, il soit plus accidentogène.
Je recommande aux cyclistes la prudence le temps que les automobilistes ne comprennent qu’ils ne sont plus prioritaires.
Publié le vendredi 16 juin 2023 à 12:15:00.