La ville de Douai porte une initiative de démocratie participative sous la forme de 8 conseils de quartier correspondants aux 8 quartiers actuellement dessinés :
Résidence Gayant, Faubourg de Paris, Dorignies : adjointe de quartier Marie Delattre,
Frais-Marais et Carnot Gare-La Clochette : adjointe de quartier Khadija Ahantat,
Faubourg de Béthune, Faubourg d’Erquerchin : adjointe de quartier Nora Cherki,
Barlet-Faubourg de Cambrai, entre deux Scarpes : adjoint de quartier Jean-Marie Dupire.
D’après le site Internet de la ville, “Les Conseils de quartiers sont des petites assemblées d’habitants. Ils se divisent par quartier et sont donc au nombre de huit. Ce sont des lieux de concertation, d’échanges, d’expressions et de propositions.”.
Dans ce but, les membres des conseils de quartier sont désignés par tirage au sort parmi les personnes ayant candidaté. Trois collèges y sont représentés : habitant·es, associations et acteurices économiques.
Comme j’ai déjà pu le souligner par ailleurs, il me semble important de noter que la consultation des habitant·es ne doit pas être à visée clientéliste (cf mon billet sur ce sujet) mais bien d’être en prise avec le réel, de rechercher des relais qui puissent être organisés rationnellement.
Pour l’organisation politique, qui gère le temps long, les habitant·es recèlent un véritable trésor que le nom barbare “expertise d’usage” recouvre. Il s’agit simplement du constat qu’on ne peut connaître mieux un quartier que quand on le pratique. Or, l’omniprésence n’étant pas possible, il faut bien aller la chercher là où elle est : chez les habitant·es.
Tout cela est très bien sur le papier. Malheureusement, quelques dysfonctionnements entravent l’efficacité des conseils de quartiers.
Tout d’abord, l’échantillon ainsi recueilli est biaisé. En effet, seules les personnes qui ont attentivement lu les communications de la ville (par exemple, dans le Douai Notre Ville) se sont présentées.
On constate, dans les faits, que ce sont souvent les mêmes personnes qui se trouvent dans les conseils de quartier, souvent déjà politisées et peu représentatives de la diversité et de l’étendue des quartiers.
Il est important de comprendre que mises à part les assemblées générales, les conseils de quartiers se réunissent à huit-clos. Il n’y a donc qu’une opportunité tous les deux ans de rejoindre un conseil de quartier.
Faute d’être tiré au sort, il faudra donc attendre en lisant les comptes rendus indigestes et souvent frustrants car on a aucune possibilité d’y participer.
Un autre dysfonctionnement que j’ai noté est le budget participatif qui s’élève à 25 000 €. C’est une petite aire de jeu, un urinoir inclusif ou que sais-je encore.
Malheureusement, ces budgets sont peu utilisés et ne se cumulent pas d’une année sur l’autre ce qui permettrait d’envisager des réalisations plus coûteuses.
Bref, on le voit, même pétris de bonnes intentions, ces conseils restent perfectibles, c’est ce que nous allons voir.
La critique étant facile, je ne vais bien-sûr pas m’arrêter là. Depuis un moment que j’y réfléchit en toile de fond, j’ai compilé quelques propositions qui me semblent nécessaires :
cumul des budgets : une mesure toute simple, le cumul des budgets. Il me semble nécessaire de ne pas réallouer les budgets non-dépensés mais bien de les cumuler car un conseil de quartier atone ne doit pas mener à une baisse des moyens alloués à son quartier,
support logistique : dépenser l’argent du contribuable ne doit pas se faire sans avoir tous les éléments à disposition. Les conseils de quartier devraient pouvoir mobiliser les services pour l’établissement de devis, la réponse à des questions d’ordre juridique avec des documents concrets (devis, avis) portés au compte rendus (voire publiés sur une plateforme participative),
ouverture des conseils : je conçois qu’il puisse être complexe de gérer une assemblée plus nombreuses, mais nous devons absolument inclure un maximum de personnes aux conseils quartiers pour réussir à atteindre leur objectif. Les récentes réunions PLU furent organisées de cette façon sans que cela pose problème,
lettre d’information de quartier : aujourd’hui, à mon grand regret, la ville communique beaucoup sur les réseaux sociaux (dont j’ai détaillé les mécanismes délétères) et peu par email. Tant est si bien que je ne crois pas, malgré mon inscription, avoir déjà reçu de newsletter. Je pense qu’il faut la réactiver et demander le quartier des personnes s’y étant inscrites afin de pouvoir diffuser plus largement la vie des conseils de quartier. À titre d’exemple, j’ai utilisé mon carnet d’adresse pour appeler à candidater j’ai eu trois retours positifs et c’est trois pas de plus vers des conseils de quartiers vraiment représentatifs,
diffusion des conseils : il me semble important d’impliquer les personnes où qu’elles se trouvent. Aujourd’hui, une bonne part d’entre elles utilisent Internet pour s’informer. Je trouve donc important de rediffuser ces conseils à l’image de ce qui est fait pour le conseil municipal. C’est peut-être la plus difficile à mettre en place, mais peut-être aussi la plus à même d’impliquer un maximum d’habitant·es,
promotion des conseils de quartier: afin que les conseils de quartier puissent jouer pleinement leur rôle de courroie de transmission, il faut que ces derniers puissent informer de leur existence et promouvoir leurs actions. EÉLV Douaisis est présent à chaque braderie et ceci crée souvent de nombreux échanges intéressants avec les habitant·es. Il pourrait être utile que chaque conseil de quartier y tienne également un stand,
création d’espaces d’expression politique: aujourd’hui, les espaces d’expression sont monopolisés par de l’affichage publicitaire. Même les panneaux d’affichage associatif sont recouverts la majeure partie du temps d’affiches pour des grosses productions (concerts, comédies musicales…). Il me semble important de créer des espaces d’expression politique pure et de verbaliser les détournements des espaces d’affichage associatif par des sociétés commerciales ou des associations "à but lucratif" (c’est à dire rouage d’un montage économico-juridique complexe impliquant des sociétés privées). Je pense qu’il serait également intéressant de créer des rendez-vous politiques pour permettre aux citoyen·nes de débattre entre eux à l’image du "Speakers Corner" que l’on peut trouver à Londres.
Déjà engagée, la consultation des habitant·es peut encore progresser. Je verse cette petite contribution qui, je l’espère, trouvera une oreille attentive en attendant le tirage au sort qui me permettra, ou non, de participer au conseil de mon propre quartier (n’ayant pas été tiré au sort lors de ma dernière candidature).
À terme, je m’interroge même sur la possibilité d’organiser des syndicats de quartier via le domaine associatif. En effet, l’alternance peut bouleverser totalement le fonctionnement de ces conseils.
On a pu voir avec la suppression des replays des conseils d’agglomération que le couperet de la censure est toujours à deux doigts de tomber.
J’estime qu’un système indépendant du pouvoir politique serait plus résilient, mais aussi plus crédible, mais ça c’est encore une autre histoire que je ne manquerai pas de détailler ici 😉.
Publié le vendredi 30 septembre 2022 à 10:00:00.