J’ai découvert ce matin la dernière opération de démocratie participative mis en œuvre par la ville de Douai.
Pour ce nouvel "éco"-quartier du Raquet, il me semble que l’idée de consulter les habitant⋅es est bonne, même si, pardonnez le jeu de mot, il y a quelques trous dans la raquette.
Je vais commencer par le négatif puisqu’il y en a un peu et cela permettra de terminer sur une note positive.
Tout d’abord, je regrette que le choix soit fermé. En effet, il aurait été intéressant de proposer également un champ libre afin que les Douaisien⋅nes puissent proposer leurs propres noms.
Je regrette également que des personnes encore en vie aient été ajoutées à cette pré-selection. Il me semble plus logique que l’on honore les personnes une fois leur œuvre définitivement connue (hors scandale post-mortem, mais le risque est plus faible).
Il me semble que suffisamment de femmes se sont illustrées à travers les siècles pour pouvoir trouver des noms correspondants à cette définition, dès lors, pourquoi s’en priver ?
Enfin, la nature des rues n’est pas idéale. En effet, elles sont neuves et ne seront pas forcément très fréquentées même si c’est toujours bon à prendre, je pense qu’il faudra, à terme, afin d’obtenir une présence féminine plus marquée, renommer des rues qui ont une histoire, et, pourquoi pas, pour les femmes célèbres locales, qui croisent leur histoire : habitation, événement historique etc… Ce qui avait été fait pour la place Suzanne Lannoy.
Mais il y a bien-sûr du positif. À commencer par le fait de consulter les habitant⋅es, mais aussi, de proposer des noms de femmes exclusivement.
En effet, bien qu’elles aient toujours tenu 50% (un peu plus en fait) du rôle dans l’Histoire de notre pays, elles sont largement sous-représentées dans les noms de rues et d’édifice à Douai. Ce n’est d’ailleurs pas une spécificité locale.
Cette volonté de rétablir une juste représentation est à souligner, d’autant qu’il ne serait pas étonnant que quelques personnes réagissent négativement par incompréhension ou par pur machisme…
Parmi les noms proposés, on a du choix !
Selon mes critères, la jeune Malala Yousafzai, encore en vie, est naturellement exclue, ce qui n’enlève rien à son mérite.
Des personnalités militantes d’envergure nationale ou internationnale qu’on ne présente plus : Simone Veil, Rosa Parks, Gisèle Halimi, Louise de Bettignies
Des femmes que je ne connaissais pas mais qui gagnent à être connues : Madeleine Brès, Alice Guy
Et des personnalités qui ont un lien particulier avec Douai : Virginie Demont-Breton, Martha Desrumaux et Albertine Patin-Eidenschenk.
Le choix est difficile, mais je me suis arrêté sur :
Rosa Parks pour l’international et la lutte contre le racisme dans un territoire où le Rassemblement National gagne du terrain,
Gisèle Halimi pour le national et sa lutte plus que d’actualité au moment de l’inscription du droit à l’avortement dans la constitution (et petit clien-d’œil à Mélanie Vogel, sénatrice écologiste qui a porté avec d’autres cette inscription),
Martha Desrumaux qui fût, entre autre, syndicaliste, en echo à la réforme des retraites (une rue des casseroles serait bienvenue…),
Albertine Patin-Eidenschenk pour le local et en clin d’œil à l’école normale, propriété du département, qui est toujours en état de délabrement avancé…
Je pense que j’aurai conservé le choix de Rosa Parks (mais je n’y aurai peut-être pas pensé, donc c’est heureux qu’il y ait eu des propositions faites par défaut).
Dans cet éco-quartier, qui plus est, raté (je ne vais pas y revenir, mais je vous conseille la lecture de mon article sur le boulodrome), j’aurais proposé le nom de Françoise d’Eaubonne, pionnière de l’éco-féminisme que je vous invite à découvrir via la vidéo de Blast ci-après.
Pourquoi pas Olympe de Gouge que EÉLV Douai avait proposé pour l’unauguration de la place du Dauphin.
Enfin, j’aurai probablement proposé Ada Lovelace, première programmeuse (et tout simplement première personne, tout genre confondus, à programmer) de l’Histoire, mais c’est une déformation professionnelle !
Pour que cette dynamique aille au delà du symbole, il faudrait accélerer le renommage de certaines rues, je vois déjà venir les accusations de "cancel culture wokiste", mais à un moment, il faut agir pour rétablir les équilibres. On ne peut pas se draper ad eternam dans l’inertie au motif de respecter les traditions.
Autre idée, pourquoi ne pas, également, proposer des noms plus poétiques, du type : rue des grandes femmes, boulevard des Douasiennes, rue de l’école normale… des noms qui finalement englobent toutes les femmes et dans lesquelles chacune d’entre elles peut se retrouver. La limite devient alors l’imagination de chacun⋅e.
Pourquoi pas enfin, un jour, la rue de ter-toustes 😉.
Publié le lundi 24 avril 2023 à 13:15:00.