Ce mardi 31 décembre, je participe à la seconde mobilisation contre cette réforme. Comme la majorité des français·es, je la trouve injuste et inutile.
Sous prétexte de sauvegarde du système des retraites, le gouvernement d’Élisabeth Borne s’apprête à enclencher une nouvelle réforme des retraites dont voici les principaux marqueurs de la contestation autour de ce projet :
report de l’âge légal de départ à 64 ans en 2030,
durée de cotisation portée à 43 ans d’ici à 2027.
Concrètement, le gouvernement souhaite nous faire travailler plus longtemps.
Du propre avœu du COR (Conseil d’Orientation des Retraites), “il n’y a pas de dynamique non-contrôlée du système de retraites”. Certes un déficit de 17.2 milliards en 2025 est prévu mais il est conjoncturel et ne représenterait que 0.1% du PIB.
Toujours selon le COR, ce déficit serait d’abord lié aux exonérations sur les heures supplémentaires et à la réduction importante du nombre de fonctionnaires.
On a pu observer, lors de la crise COVID que l’argent magique existait bel et bien lorsqu’il s’agissait de pérenniser l’activité économique, sans distinction, d’ailleurs, entre les activités climaticides et les autres.
Quand 8.4% du PIB est consacré aux aides aux entreprises, quand la fortune des milliardaires français a augmenté de 86% depuis le début de la pandémie, soit autant que les dix années précédentes (236 milliards d’euros supplémentaires), quand les inégalités dans notre pays n’ont jamais été aussi fortes, sauf avant la grande guerre… c’est aux retraites que le gouvernement décide de s’en prendre pour faire des économies.
C’est ici dans le Nord, frappé de plein fouet par la pénibilité, qu’on mesure bien cette injustice, je vous propose de découvrir la vidéo de Christophe Vanhersecker à ce sujet.
Bien-sûr, il faut mettre fin aux exonérations de cotisations sociales sur les heures supplémentaires, elles vont à l’encontre de l’idée même de solidarité entre actifs et retraités. Cette solidarité est pourtant à la base de notre système de retraite par répartition qu’il faut, bien entendu, sauvegarder.
De plus cette incitation à concentrer le travail sur les mêmes personnes nuit au maintient d’un vivier de personnel formé pour absorber les regains d’activité conjoncturels (le but premier des heures supplémentaires, rappelons-le). C’est ainsi qu’à la SNCF, on manque de personnel formé, menant à une véritable débâcle du rail en Hauts-de-France quand nous aurions besoin de mettre les bouchées doubles pour effectuer la transition climatique.
Il faut également sortir de la contrition du nombre de fonctionnaires, remplacé·es par des sommes astronomiques dirigées vers des cabinets conseil (cf affaire McKinsey) ou des entreprises privées qui gavent leurs actionnaires (parfois des fonds de pension…) tout en détruisant notre service public.
Bien-sûr, EÉLV propose un autre chemin vers des retraites plus justes et solidaires, et je m’y associe pleinement :
un âge légal à 60ans et 40 annuités,
un départ possible plus tôt pour les carrières longues et/ou pénibles (retour des 4 critères de pénibilité retirés en 2017 : exposition à des agents toxiques, vibrations mécaniques, port de charges lourdes et postures pénibles),
droit à la retraite progressive (passage au temps partiel),
pension à taux plein minimale au niveau du SMIC,
minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté,
indexation des retraites sur les salaires,
prise en compte du RSA dans la validation des trimestres.
Pour le financement, nous proposons :
de soumettre à la contribution patronale les dividendes, participations, l’épargne salariale, le rachat d’actions et les heures supplémentaires,
d’augmenter de 0.25 points le taux de cotisation vieillesse et de créer une sur-cotation pour les hauts salaires,
de supprimer les exonérations fiscales telles que la CVAE et une grande partie des exonérations patronales.
En attendant, poursuivons la mobilisation !
Note rétrospective :
Ce sont 5000 personnes (contre 4000 le 19 janvier) qui se sont réunies à Douai ce 31 janvier 2023. La contestation s’amplifie !
Je vous propose de visualiser cette vidéo de Blast pour comprendre la réforme.
Et enfin, de lire cet article édifiant rédigé en 2020 qui explique comment Emmanuel Macron s’est fait dicter cette réforme par les financiers avec, en fil rouge, la destruction du système par répartition et son remplacement par un système par capitalisation qui viendrait automatiquement augmenter les volumes des actifs détenus par ces sociétés et nourrir la bulle financière.
Une ineptie car la capitalisation en partant d’un système par répartition nécessite de payer deux fois sa retraite : celle de nos ancien·nes et, “en même temps”, celle qu’il faudrait capitaliser.
De plus, le système par répartition est bien plus résilient puisqu’il résiste à l’inflation (augmentation des retraites en fonction des salaires), aux crises économiques (quand la capitalisation est bien fragile) et son seul défaut est amené à se résorber puisque la “pyramide des âges” n’en est plus une du tout, elle n’a quasiment plus les stigmates de la transition démographique et ressemblera de plus en plus à un simple tronc.
Source: Statistiques de l’Insee
Publié le mardi 31 janvier 2023 à 12:00:00.