Ce vendredi soir nos élu·es de la municipalité se sont de nouveau réuni·es pour traiter, principalement, des rapports d’orientation budgétaire et du rapport égalité femme/homme.
Nous avons assisté à une belle présentation qui démontre que les choses vont dans le bon sens. Les interventions ont été peu nombreuses, celles de Franz Quatreboeuf, Xavier Thierry et François Thibaut ont été similaires et soulignaient ce qui avait été dit précédemment : il reste du travail à faire et la ville reste impactée par la société qui est encore inégalitaire.
Passons sur la sortie de Xavier Thierry sur l’écriture inclusive… Il y avait pourtant quelques fragilités dans ce rapport qui méritaient d’être mises en lumière.
En ce qui concerne les rémunérations, il manque un chiffre qui me semble important : l’écart de rémunération moyen global pour tous les effectifs. La répartition étant segmentée par catégorie et filière, il m’est impossible de les calculer car une moyenne de moyennes n’a pas de sens en statistique. J’ai demandé par courriel au service de démocratie participative le chiffre car cette absence de vision générale manque pour se faire une véritable idée.
Au niveau de l’exécutif (là où les décisions sont prises), on remarque que la balance des effectifs est en défaveur des femmes. Mais un point encore plus révélateur à soulever, et qui fait défaut dans ce rapport, serait de quantifier les budgets alloués pour les différent·es chef·fes de services comme cela est fait pour les salaires.
Cette approche me semble plus révélatrice de la répartition de la capacité d’action en fonction du genre. C’est d’ailleurs ce que nous avons pu constater dans la suite des débats avec la répartition du budget 2023 : les chefs de service bâtiment, voirie, jardins et cadre de vie concentrent 79,1% des budgets d’investissement. Ces hommes sont aussi directement subordonnés au directeur général des services qui est aussi un homme. Il reste, on le voit, bien du chemin.
Ce parallèle budgétaire pourrait, d’ailleurs, également être fait concernant les délégations des adjoint·es ; le résultat serait probablement sensiblement le même.
On peut regretter que le récent départ en retraite du directeur du service jardin et cadre de vie n’ait pu faire pencher la balance favorablement à plus d’égalité femme/homme de ce point de vue.
Ceci étant dit, comme l’a rappelé Agnès Dupuis (adjointe au maire en charge de l’enfance, l’éducation et l’égalité femme/homme), le recrutement n’est pas toujours aisé dans des métiers vers lesquels peu de femmes se dirigent naturellement.
La commune fait des efforts de mouvements internes et de formation afin que ces métiers puissent être investis par plus de femmes.
Note positive, la pyramide des âges de la Ville de Douai indique qu’il existe un volant d’action pour recruter de manière plus équilibrée avec de nombreux départ en retraite prévus. Il s’agit de ne pas laisser passer cette opportunité !
Jamila Mekki (conseillère municipale déléguée logement, handicap, droits des femmes, lutte contre les discriminations, quartier du faubourg de Béthune), nous a informé que le prochain événement organisé par la mairie sera consacré aux femmes meneuses.
Une idée pour 2025, mettre en valeur ces femmes qui investissent des métiers longtemps réservés aux hommes au sein des effectifs de la mairie.
Note rétrospective : En date du 9 mai 2023, les services de la ville de Douai m’ont transmis les chiffres manquants :
la rémunération moyenne sur tout l’effectif de la ville en fonction du genre : 26 070,02€ pour les hommes et 22 317,03€ pour les femmes (3 752,99€ de plus),
la rémunération moyenne par catégorie :
catégorie A : 37 343€ pour les hommes et 34 204€ pour les femmes (3 139€ de plus),
catégorie B : 27 648€ pour les hommes et 25 631€ pour les femmes (2 017€ de plus),
catégorie C : 22 552€ pour les hommes et 20 081€ pour les femmes (2 471€ de plus).
Le document ne précise pas si ce sont des moyennes en équivalent temps plein (ETP) ce qui peut changer beaucoup de choses sur le résultat final (notamment l’écart en catégorie C qui me semble énorme). À la vue des chiffres du courrier, je regrette de ne pas avoir demandé le salaire médian en ETP également. Je vais donc formuler une nouvelle demande avant d’interpréter ces résultats.
Yvon Sipieter (adjoint au maire en charge des bâtiments, finances, marchés publics et de la sécurité incendie) a présenté longuement les chiffres de ce ROB.
En bref, les recettes augmentent mais moins vite que les dépenses qui restent maîtrisées. Ceci a pour effet de rogner l’épargne brute.
Une bonne nouvelle, la dette baisse (et ses intérêts avec). Cette dernière est constituée en grande majorité de prêts à taux fixe. Espérons que le travail de purge de la dette se concentrera en priorité sur ces taux variables qui peuvent plomber lourdement le budget de la ville.
Coline Craeye est intervenue pour dénoncer la contrition des budgets actuels et prédire le foisonnement des dépenses au fur et à mesure de l’approche des élections municipales de 2026.
Il est vrai que la concomitance des graphiques avec les périodes électorales (élections de 2014 et 2020) est frappant. On ne peut cependant pas considérer que la pratique soit neuve puisqu’on peut observer que l’endettement était bien plus haut au début du premier mandat de Frédéric Chéreau qu’au début du second.
La pratique persiste mais est atténuée. Le maire a également précisé que c’était monnaie courante et qu’il fallait du temps en début de mandat pour mettre en œuvre les investissements correspondants aux projets proposés lors de la campagne électorale, ce qui s’entend parfaitement.
Finalement, plus que le cycle des investissements, ce qui pourrait être mis en cause, c’est plutôt l’approche grands projets/investissements. Aux grands projets qui peuvent manquer leur cible, je préférerai une accumulation de petits projets qui font levier. On peut faire beaucoup avec peu de moyens et une imagination sans limite (et surtout beaucoup de réutilisation et de mixité des usages).
Globalement, ceci dit, la situation financière de la ville semble bonne comme l’illustrent les différents graphiques produits par les services de la ville.
Des précisions ont aussi été apportées du point de vue des ressources humaines de la ville de Douai.
Une question de Xavier Thierry sur une provision pour contentieux a posé de façon fortuite le sujet de "l’éco-quartier" du Raquet au cœur des débats (un quartier dont le caractère écologique se délite à mesure qu’il s’impose aux douaisien·nes sans consultation : boulodrome géant à 9.5M€, patinoire à 15M€, construction sur des terres agricoles et logements de facture médiocre).
Selon les dires du Maire, Frédéric Chéreau, alors que la ville aurait accepté de participer à hauteur d’1,9M€, les recettes fiscales à ce jour seraient de l’ordre de 30 000€. En lieu et place des 1400 logements imaginés initialement, ce seraient 140 logements qui auraient été finalement prévus.
Toujours selon ce dernier, Christian Poiret aurait accepté de revoir sa copie et de viser une plus grande densité (salutaire pour ce qu’il reste de nature dans notre département) sur cette large avenue créée de toute pièce et dont l’entretien aurait été repris plus tôt que prévu par la ville (qui a donc fait un pas dans sa direction).
Reste à savoir si Douaisis Agglo au travers de son président saura tenir ses nouveaux engagements revus à la baisse.
Cet exemple est intéressant car il souligne les visions diamétralement opposées entre l’agglomération et la Ville de Douai en terme d’urbanisme. Là ou la ville s’apprête à appliquer un Plan Local d’Urbanisme ambitieux, au travers du zéro artificialisation net (ZAN), et même, du retour de 6 hectares de terres à une vocation agricole, l’agglomération construit, loin du centre ville, une sorte de "Douaisis Agglo Land" entre les fast-foods et les enseignes de la ZAC du Luc.
Tout cela, bien-sûr, en partie sur les terres converties en bio et exploitées par les Jardins de Cocagne.
À comparer avec les réhabilitations de friches telles que la friche Leroy Merlin, les friches Peugeot et Renault. Loin de consommer des terres, elles recyclent les friches laissées par la création de la "Cité de l’automobile" de la ZAC du Luc.
Malheureusement, ce conseil a de nouveau été ponctué de tensions, notamment suite à l’intervention de Coline Craeye qui a stigmatisé le quartier de la résidence Gayant.
Le thème de prédilections des oppositions (aussi bien Coline Craeye pour LReM, Xavier Thierry pour LR, Thibaut François RN et François Guiffard majorité de Christian Poiret mais absent ce soir là) a, de nouveau, été mis sur la table.
Il a cependant été bien mal amené, les habitant·es des quartiers s’en souviendront… Espérons que les débats seront plus apaisés au prochain conseil.
Publié le dimanche 12 février 2023 à 12:00:00.