N’ayant pu assister au conseil municipal ce vendredi 21 octobre, je reviens à froid sur ce dernier après avoir visionné l’enregistrement vidéo.
En premier lieu, et je vais commencer par la fin du conseil, je tiens à remercier Maxime Decupper-Laud de s’être fait le porte voix des citoyen·nes en demandant que les membres du conseil communautaire exigent de Douaisis Agglo le retour de la diffusion en direct des débats communautaires (supprimée la semaine dernière) et de leur redifusion (supprimée en mai 2021).
La réponse formulée par François Guiffard qui s’est senti particulièrement visé (on le comprend puisqu’il a rejoint la majorité de l’agglomération) a été non-seulement fallacieuse avec une victimisation frôlant le ridicule, mais également condescendante envers les petites communes.
On peut concevoir que dans des petites communes comme Brunémont ou Férin, on n’ait pas trouvé utile d’investir dans du matériel pour rediffuser le conseil d’agglomération (même si l’investissement est de plus en plus abordable).
En revanche, expliquer qu’on a pas l’habitude à la campagne contrairement à la ville de la vidéo relève de la contortion, pour ne pas dire de la malhonnêteté intellectuelle la plus totale.
Douaisis Agglo a le matériel prêt à fonctionner puisqu’elle a diffusé les conseils communautaires durant une année entière. Elle en a même fait la promotion comme vous pouvez l’observer sur la capture jointe à ce billet. Les élu·es de l’assemblée sont donc bien familier·es de l’exercice. La réalité est que celui-ci dérange car on aimerait pouvoir continuer à délibérer n’importe comment sans débat contradictoire.
Je prévois de proposer lors de la prochaine réunion du groupe local EÉLV que nos élu·es portent une motion visant au rétablissement de la diffusion et de la rediffusion du conseil communautaire puisque Frédéric Chéreau a prévenu qu’il ne la porterait pas lors de ce même conseil.
Autre sujet, les économies d’énergie. Un bouquet de propositions sur lesquelles je me suis exprimé avant le conseil a été proposé. Les citoyen·nes ont été consulté·es dans un sondage ayant obtenu 738 réponses. Un procès en légitimité de ce sondage a été fait, je rappelle à toute fin utile qu’un échantillon statistique de 1000 personnes a 95% de chances de refléter la réalité. On y est pas exactement et la méthode de sélection peut introduire un biais, mais balayer totalement ce dernier d’un revers de la main témoigne de la faiblesse rhétorique de l’opposition Douaisien·ne.
À mon sens, mais je me suis déjà exprimé à ce sujet, le problème réside plutôt dans les questions fermées et le manque d’éléments comparatifs. Quand on économise 40 000€ en fermant la piscine Beausoleil 3 mois, mais que le festival techno coûte 89 658€, on peut s’interroger sur le sens de ces économies. Rappelons que chaque années environ 1500 personnes décèdent par noyade en France.
D’ailleurs, l’avis des Douaisien·nes et du conseil a convergé vers l’annulation de cette mesure (reste qu’il faudra bien trouver un moyen de combler le trou) je ne vais donc pas m’étendre au delà du seul point de clivage qui reste : l’établissement des conseils municipaux à 14 heures.
Coline Craeye et François Guiffard se sont opposés à cette mesure. Je trouve cela regrettable qu’au moment où l’on demande des efforts à nos concitoyen·nes, certain·es élu·es se refusent à faire le moindre aménagement de leur agenda.
Je rappelle que nos élu·es sont indemnisé·es pour leur présence en conseil municipal, que la commune propose de rembourser la garde d’enfants éventuelle et que les elu·es bénéficient d’heures de délégation qu’iels peuvent poser afin de se dégager de leurs obligations professionnelles.
"On ne vit pas de la politique" scande Coline Craeye, comme si les élu·es de la majorité étaient des professionnels de la politique… "Nous sommes des personnes qui travaillent" nous dit François Guiffard alors que ce dernier bénéficie d’une indemnité d’élu deux fois supérieure à celle des adjoint·es de la ville… Je suis déçu du manque d’implication de la part d’élu·es d’opposition souvent si prompts à donner la leçon.
Autre sujet sur lequel Coline Craeye, François Guiffard et Thibaut François se sont tenus la main : le refus catégorique de toute augmentation des impôts, sans aucun discernement. Nous n’aurons pas plus d’analyse qu’un "on en a trop".
À ce jour, je ne sais pas si il faut augmenter les impôts, je sais qu’il n’existe pas d’argent magique et que l’alternative est l’emprunt (qui n’est qu’un impôt différé).
Simplement, la conjoncture actuelle est très défavorable à la municipalité. Elle fait face à l’augmentation du coût de l’énergie mais aussi à la forte inflation qui tend, pour un même montant collecté, à réduire de fait la capacité d’action en valeur absolue de la mairie dont le montant des achats augmentent mécaniquement avec les prix.
D’ailleurs, si le gouvernement ne faisait pas la sourde oreille face aux revendications des salarié·es dont la rémunération n’évolue pas avec l’inflation, à montant constant, les impôts actuels pèseraient mécaniquement moins lourd dans le budget des ménages. On se trouve donc face à des élu·es macronistes qui valident la politique nationale d’immobilisme en "demandant" aux patron·nes "qui le peuvent" d’augmenter leurs salarié·es, et qui, en même temps, maintiennent la tête de la municipalité sous l’eau. Un classique désormais pour les élu·es LREM qui ne sont pas à une dissonance près.
La critique que j’adresserai à l’aile qui se dit de gauche mais nous prouve chaque jour un peu plus qu’elle est de droite, personnifiée par François Guiffard son unique représentant, est le refus dogmatique de l’impôt.
N’oublions pas que la fonction première de l’impôt est redistributive, en finançant la collectivité, il apporte plus d’équité. Je veux bien qu’on interroge la temporalité ou même la fonction redistributive réelle de l’impôt (car comparativement aux classes moyennes, les multinationales ou grosses fortunes en paient peu). Mais je pense que se complaire dans un refus catégorique du recours à l’impôt fait beaucoup de mal à la solidarité nationale.
Enfin, le dernier sujet a été un imbroglio tragi-comique autour d’une motion de Coline Craeye pour l’armement de la Police Municipale de Douai. On notera que le dogme anti-impôts ne s’accompagne pas d’un dogme anti-dépense puisque c’est, selon Jean-Christophe Leclercq, adjoint, deux millions d’euros que cette dernière coûterait avec l’augmentation des effectifs demandée.
Nous avons également découvert, dépités, les conditions folles dans lesquelles seul·es les élu·es du Rassemblement National (Yvette Wattebled, Guy Cannie et Thibaut François) ont voté cette motion qui ressemblait trait pour trait à celle proposée par ces dernier·es lors du dernier conseil.
Vous pourrez observer Franz Quatreboeuf sortir en trombe puis revenir pour chercher son groupe qui avait oublié de le suivre… Pour enfin revenir poser une question diverse…
Bref, la caravane sécuritaire va bon train sans que jamais, ni l’extrême droite, ni la droite extrême ne se posent la question de ce qu’est une politique globale de sécurité qui ne soit pas focalisée sur la répression policière et le rapport viril, face à la délinquance. Mais cela, j’aurais l’occasion d’en reparler sur ce blog.
Pour mémoire, à Douaisis Agglo cette fois, les élu·es de Douai avaient déjà quitté la pièce suite au comportement de Christian Poiret son président. Avec plus de classe tout de même.
À noter que, déjà à cette période, il fallait enregistrer le direct du conseil d’agglomération pour le voir survivre à la censure, chose que j’ai faite avec ces images qui permettent de comprendre la récente décision de couper purement et simplement la diffusion.
En attendant son rétablissement (malheureusement, très probablement uniquement à l’occasion d’une alternance à la gouvernance de l’agglomération), vous pouvez revoir le conseil municipal objet de ce compte rendu.
Vidéo du Conseil Municipal de Douai du 21 octobre 2022
Publié le dimanche 23 octobre 2022 à 12:00:00.