Hier, nous pouvions assister à quelques animations dans le centre de Douai. Des animations portées par la ville autour de la musique électronique :
ateliers de maquillage et d’initiation au mixage pour les enfants,
mini "boom" pour les petits,
rando vélo électro pour petits et grands,
et enfin, un mix par un DJ.
Ce type d’opération, en centre ville, me semblent pertinentes, si tant est qu’elles parviennent à mobiliser (la participation aux 6 randos électro a été quelque peu inégale, notamment face aux aléas climatiques et au contexte sanitaire).
En effet, je le répète à foison, pour dynamiser notre centre ville, il est important qu’il soit clair dans l’esprit de toustes, que venir à Douai le samedi (voire le dimanche en de rares occasions), c’est l’assurance de passer un bon moment convivial en famille ou entre ami·es.
Qu’ils soient électroniques, féeriques, culturels, musicaux… il faut des événements réguliers et ces dernières semaines, on peut dire que c’est le cas. Il faut persévérer, et ce également en dehors des fêtes de Noël.
Mais, la grande question reste : pourquoi un festival électronique de plein air, qui plus est au parc Jacques Vernier ? Quel apport ?
Disons-le tout de go : je ne suis pas un grand fan de la musique électronique. Je suis plutôt Rock n’ Saint Amé 😉. Certain·es pourront donc dire que c’est par pure insensibilité électronique que je formule cette critique, je vous assure que ce n’est pas le cas, mais je vous dois l’honnêteté de préciser cette préférence.
Ce festival, vous vous en doutez, ne faisait pas parti du programme des municipales de 2020. C’est tombé un peu comme ça, sans réelle vision autre que de simplement créer un événement qui drainerai du monde sur Douai.
Sur le principe, bien entendu, améliorer l’image de notre ville est toujours bon à prendre. Cependant, le bilan est pour moi peu convainquant. J’ai bien des ami·es lillois·es qui ont fait le déplacement, mais ces personnes n’ont pas pour autant eu une vue sur le beffroi à un quelconque moment.
Alors quand à dynamiser le tissu économique local, je pense pas qu’il y ait eu un grand afflux ailleurs qu’au parc et dans les stations services alentour.
Pour moi, les événements qui bénéficient de l’argent public dans une ville comme Douai doivent être centrés sur la ville, permettre de découvrir notre cité pour envisager d’y vivre. À l’image du trail urbain qui de ce point de vue fût une réussite !
Enfin, en ce qui concerne l’aspect durable, dont se revendique l’événement, le parc n’étant pas électrifié, c’est via des groupes électrogènes qu’il a fallu alimenter les platines. Sans compter les nuisances dans le parc pour les espèces présentes. On fait mieux en la matière tout de même !
Suite à l’obtention des subventions aux associations par le biais d’une CADA effectuée par un citoyen Douaisien, j’ai pu connaître le montant de la subvention accordée s’élevant à 89 658€ (versé en une fois). Les moyens mis à disposition par la mairie n’y sont en revanche pas retranscris. Ce qui représente une subvention de 18€ par entrée (5000 selon les organisateurices si l’on en croit cet article de l’Observateur).
Et pourtant, cet événement était loin d’être gratuit. Le prix d’entrée de ce festival s’élevait à 26,25€ pour le samedi, 21€ pour le dimanche, 47.25€ pour les 2 jours et 15.99€ pour les résident·es douaisien·nes.
À noter également qu’un policier municipal a été agressé par un festivalier comme le rapporte l’Observateur du Douaisis.
Avec ses 7000 entrées en 2022, ce festival fait mieux que l’Arkéos Rock Festival avec 2000 festivalier-es mais sans toutefois s’inscrire comme un événement exceptionnel.
Un an et une seconde édition plus tard, je ne suis toujours pas d’accord pour que tant de subventions soient versées pour ce festival. Qu’il existe ne me dérange pas, qu’il grève le budget de la mairie d’une façon aussi conséquente me semble effarant.
On pourrait se dire que le festival pourrait prendre place en centre ville, mais difficile d’envisager ceci car les plaintes des riverain·es ont déjà été nombreuses avec l’éloignement de l’événement, imaginez dans le centre ville…
Le fait est que, par nature, un festival électronique, a généralement lieu en dehors des centres urbains. J’ai vu passer, notamment, plusieurs Technivals pas loin de mon ancien village sur la base aérienne 103 à Haynecourt. Les gens n’étaient que de passage et vivaient en vase clos pendant les quelques jours que duraient la rave.
Il faut se rendre à l’évidence : un festival électronique n’est pas la meilleure façon de dépenser l’argent de la ville (un budget de 89 658 € au profit d’une association Lilloise) quand il existe, par ailleurs, des festivals bien plus conséquents et qu’il existe un faible intérêt en terme de retombées économiques.
Je pense que cette idée peut avoir du sens dans un autre contexte (l’association en question organise d’autres festivals, à Lille Sud, par exemple), mais à Douai, ce n’est clairement pas la priorité. Des festivals tels que le FIGRA sont de nature à amener une population plus prompte à prendre quelques nuitées à Douai, voire à attirer des personnes nationalement et à apporter un rayonnement international à Douai.
C’est un peu aussi contre un faux dilemme que je m’exprime aujourd’hui. Pris hors contexte, ce festival n’a rien de négatif en soi, mais c’est toujours dans un contexte donné que s’applique une politique. On ne peut consacrer une part du budget de la ville par simple accointance ou préférence pour un type d’événement sans en examiner le sens in fine, sur le terrain.
Vous l’aurez compris, je pense que ces fonds pourraient être bien mieux dépensés ailleurs, notamment pour les familles ou certains événements qui puissent apporter de la fréquentation à notre ville.
Je regrette qu’il ait eu une annonce visant à pérenniser (à ma connaissance, sans concertation des élu·es) cet événement qui n’a qu’un impact limité, j’espère que cette collaboration sera reconsidérée pour éventuellement, perdurer au travers des événements sympas comme celui de ce jour, sans pour autant céder aux sirènes de la "coolitude" avec un festival dont la pertinence pour notre territoire est limitée établissant un rapport coût avantage défavorable.
Ce budget pourrait, en ces temps de distribution des colis des aîné·es, permettre de consacrer une somme plus importante à sa composition, notamment en faisant appel aux commerçant·es douaisien·nes.
Il pourrait servir à ponctuer nos samedis de plus d’animations encore, ou simplement, pour lancer un événement alternatif dans le centre de Douai. Vous l’aurez compris, c’est plus une question de comparaison que de jugement de la valeur de ce festival qui pourrait bien s’auto-financer et dans ce cas, cela ne me poserai bien-sûr aucun problème qu’il perdure.
Alors, dynamisons Douai au cœur de Douai et dans les quartiers résidentiels, les efforts doivent se concentrer sur la redynamisation de notre ville : elle est de plus en plus belle, notamment grâce à la piétonisation. Montrons-là et donnons envie aux touristes d’y rester.
Publié le dimanche 12 décembre 2021 à 20:20:28.