Avec la propreté, la gestion des déchets est un sujet récurrent dans toute réunion organisée par la ville de Douai.
Alors à l’occasion de la consultation sur les déchets organisée par la ville, je mets au pot quelques idées pour améliorer la situation, en plus de ma propre contribution à l’enquête.
En effet, cela fait plusieurs années que je receuille les témoignages des dysfonctionnements, au sein du conseil de quartier, notamment.
Les difficultés sont multiples et semblent parfois relever du détail, mais mises bout à bout, cela peut donner une impression de saleté qu’il est nécessaire de contrer :
les sacs ne sont pas toujours mis au bon moment sur la voie publique ce qui crée de véritables zones dépotoirs (place Esméralda, rond point face à DLM, place du Dauphin, parvis de l’église Saint-Pierre… etc),
les professionnel·les produisent parfois des quantités astronomiques de déchets occupant des trottoir entiers pour certains, les horaires n’étant pas toujours compatibles, il arrive que ces déchets soient déposés très en amont de la collecte créant une sensation de permanence des dépôts, de plus, ils doivent s’acquitter d’une redevance pour obtenir une benne et certain·es trainent les pieds pour en acquérir en adéquation avec la quantité de déchets produite par leurs activités,
les logements ne sont pas toujours adaptés (à cause de bailleurs sans scrupules) aux usages et certain·es habitant·es ont le choix entre vivre dans la promiscuité avec leurs déchets ou les sortir en dehors des heures de collecte au risque de recevoir une amende,
des personnes, associations ou entreprises se débarrassent de leurs déchets encombrants dans la nature plutôt que de les apporter en déchèterie ou de demander leur enlèvement,
parfois les chats / rats éventrent les sacs poubelles et des déchets se dispersent sur la voie publique,
les bacs restent parfois à demeure sur la voie publique créant des risques pour la sécurité et entravant les déplacements des personnes en situation de handicap ou perte de mobilité,
certains déchets sont collectés uniquement moyennant finance ce qui fait qu’un certain nombre de personnes préfèrent les accumuler voire s’en débarrasser dans la nature,
les erreurs de tri peuvent provoquer un refus de collecte et, dans de tels cas, le sac peut rester des jours, voire des semaines, sur le trottoir avant d’être enlevé.
Bref, sans être exhaustives, cela fait un grand nombre de problématiques à régler.
La commune et l’intercommunalité disposent de peu de leviers pour réduire la quantité de déchets. Par exemple, elles n’ont pas de marge de manœuvre sur les produits qui sont mis sur le marché et vendus dans les magasins : suremballage, produits jetables, etc…
La plus grande marge de manœuvre reste la commande publique. Par exemple, passer systématiquement par la consigne lors des commandes publiques (les solutions existent comme Cash Boisson à Lambres-lez-Douai ou le Fourgon). De la même manière, concernant la restauration collective gérée par la ville il est possible d’utiliser des contenants réutilisables. À ce sujet, vous pouvez lire ou relire mon article pour une consigne communale à Douai.
La mairie peut également acheter des produits éco-conçus (en se fiant aux labels comme NF Environnement / EU Écolabel) ou simplement conçus pour durer (comme les téléphones FairPhone ou les ordinateurs Framework, les logiciels libres pour éviter l’obsolescence logicielle ou la basse technologie ou « low tech » pour éviter la maintenance).
Concernant les habitant·es, le SYMEVAD propose déjà des initiations au compostage (pour réduire les déchets organiques), des stop pub ou une sensibilisation aux couches et protections menstruelles lavables ce qui est une bonne chose.
Un autre moyen plus efficace est de réduire les déchets à la source : la consommation. Par exemple, en supprimant, la publicité de l’espace public, ainsi, les achats peuvent se faire en fonction des réels besoins, pas en fonction de ceux créés par la publicité.
Mais la marge de manœuvre principale pour réduire les déchets à la source est législative. Difficile d’agir, excepté symboliquement, sur ce point au niveau de la commune (voir l’association ZeroWaste pour les mesures à prendre au niveau national). Même si cela ne nous dispense bien évidemment pas d’agir.
Cependant, quand le déchet est dans les foyers, il faut bien le collecter, et là aussi, il est possible d’agir.
Il y aura toujours des personnes qui ne respecteront pas les horaires, parfois par ignorance, d’autres fois par nécessité ou encore négligence. C’est la raison pour laquelle il me semble nécessaire de développer quelques points d’apport volontaire. Un test est prévu, mais je regrette que ce soit une nouvelle fois une réflexion en silo et non intégré dans une demarche plus globale (comme ma suggestion des ilots de la transition).
Dans tous les cas, il est essentiel de ne pas substituer la collecte par des points d’apport volontaire. En effet, ces derniers doivent combler les trous et non devenir une obligation. Ils permettront un dépôt immédiat à la personne qui souhaite vider ses poubelle avant de partir en vacance, qui quitte son appart’hôtel ou encore ne veut pas passer toute la semaine avec une poubelle malodorante dans son studio. C’est pourquoi il n’est pas nécessaire d’en poser beaucoup, mais simplement de les positionner aux endroits où se trouvent les dépôts sauvages actuels.
La collecte des biodéchets, obligatoire depuis janvier 2024, doit être mise en œuvre sans délai, à commencer par les zones urbaines les plus denses où le compostage n’est pas possible.
La gratuité des bacs et des déchèteries pour les professionnel·les me semble envisageable. En effet, le fait de payer les bacs et les dépôts, dans un monde où les entreprises respectent toutes la loi, devrait inciter à limiter ses déchets et ferait mécaniquement baisser la note pour la collectivité.
Malheureusement, dans un monde où la sauvagerie économique règne, elle crée une distortion de concurrence entre les entreprises qui jouent le jeu et celles qui s’adonnent aux dépôts sauvages. Le tout, en générant un coût supplémentaire pour la collectivité qui doit gérer ces derniers anarchiquement.
Enfin, le choix des bacs pour la population, en lieu et place des sacs, me semble être une mauvaise idée si elle est appliquée sans discernement. À l’échelle d’une rue, et a fortiori d’un quartier, toutes les maisons ne sont pas identiques. Il peut y avoir des maisons avec garage adaptées pour la mise en place d’un bac comme des studios aménagés dans des maisons classiques divisées anarchiquement.
Sauf mise en œuvre au cas pas cas, se tourner vers les bacs porte le risque de les retrouver sur la voie publique en permanence. Reste à voir si une collecte mixte est envisageable (compatibilité du matériel, pénibilité pour les ripeur·euses…).
La verbalisation est un moyen de faire respecter la loi quand la sensibilisation et la prévention n’ont pu porter leurs fruits.
Attention cependant, il me semble important de verbaliser de façon pédagogique en privilégiant une approche progressive : rappel à la loi, amende et amende plus importante en cas de récidive.
L’amende fixée par le conseil municipal est tellement forte que cela met en situation de précarité les personnes qui en sont frappées (et qui parfois le sont déjà). Tant et si bien que, régulièrement, en conseil municipal, le Maire a dû annuler certaines amendes reçues dont les personnes ne pouvaient assumer le coût (exemple 31/01/2025 et 27/02/2025).
La gestion des déchets est un sujet épineux, mais aussi complexe, pour lequel il n’existe pas de réponse simple. D’autant qu’il se situe à cheval entre les compétences de la ville (propreté) et de l’agglomération (collecte et traitement) dont on connait la tendance à s’engluer dans des rivalités stériles.
Enfin, pour terminer sur une note positive et bucolique, notamment pour la collecte des déchets alimentaires, pourquoi ne pas proposer, à Douaisis Agglo, une collecte équi-tractée ? Cela préserve notre environnement sonore, remets de la nature en ville, permet de protéger des espèces de chevaux de trait et fait le bonheur des enfants.
Au final, pendant le temps de la rédaction de cet article, des points d’apport volontaire ont été positionnés face à la collégiale Saint-Pierre et au faubourg d’Esquerchin sur des lieux identifiés comme étant en tension.
Malheureusement, ces bennes ne semblent pas avoir de pédale pour actionner leur ouverture ce que le conseil de quartier avait recommandé pour éviter que les personnes ne déposent leurs déchets au pied des bennes. En effet, pour ne pas toucher la poubelle avec leur main, il arrive qu’elle soient déposées devant la benne plutôt que dedans.
S’agissant de la collégiale, au moins, il semble que le dimensionnement ne soit pas suffisant étant donné qu’elles sont très vite pleines. Preuve, ceci dit, du besoin, qui est réel comme le prouve cette expérience. Cela semble confirmer la nécessité de multiplier les apports volontaires en complément de la collecte.
Affaire à suivre donc avec de premiers ajustements à réaliser pour fluidifier la collecte.
Publié le vendredi 4 juillet 2025 à 08:00:00.