À mi-chemin entre la monnaie locale et le circuit court, la consigne communale peut devenir un atout pour la ville de Douai. Je vous propose de faire une projection sur ce dispositif transversal et écologique !
La consigne est un moyen simple et ancestral de limiter les déchets produits par les ménages. L’utilisation du verre a également pour avantage l’innocuité de ce contenant au regard des différents problèmes générés par les contenants plastiques (perturbateurs endocriniens).
La réutilisation des contenants du commerce est déjà une habitude pour nombre de douaisien·nes. Il s’agit donc d’embrasser cette pratique existante en lui donnant du lustre et du crédit.
Une idée serait de réaliser, sur ces contenants en verre existants, une gravure du logo de la ville et de son poids à vide en échange d’un dépôt de 50 centimes d’euros.
Cette gravure donnerait une valeur de consigne à ce contenant qui pourra dès lors être déposé contre 50 centimes chez tout·e commerçant·e acceptant la consigne (un autocollant signalant cette possibilité sur leur vitrine).
La/le commerçant·e, à ce même titre, propose des verres consignés vides et nettoyés par la commune contre versement d’une consigne de 50 centimes.
Il s’occupe d’apporter les consignes sales et d’emporter les consignes neuves (ou un service de retrait/dépôt est créé).
Le/la commerçant·e proposant ce service jouit, bien-sûr, d’une image de marque écologique volontariste.
Au titre des déchets non traités en déchèterie, l’agglomération pourrait verser à ces commerçant·es une prime de réutilisation équivalent à l’argent économisé pour le traitement des déchets en fonction du nombre de contenant apportés et retirés à la laverie communautaire.
Iels sont défrayé·es de tous leurs allers-retours à cette laverie (si c’est iels qui se chargent de ces derniers).
Grâce au système de consigne, les client·es n’ont plus besoin de s’occuper du nettoyage minutieux de leurs contenants et bénéficient donc d’une garantie maximale en terme de respect des normes sanitaires.
Les consignes douaisiennes bénéficieront probablement d’un effet “collection”. On imagine aisément des touristes douaisiens repartir avec quelques contenants bénéficiant ainsi au rayonnement de notre cité tout en assurant un excédent de 50 centimes pour chaque consigne non-revenue.
On devrait assister à un renforcement de l’identité locale (on peut envisager des consignes gravées du sceau de la ville, avec des contenances selon les géants Binbin 25cl, Fillon/Jacquot 50Cl, Mme/Mr Gayant 75cl…).
Des gravures à “édition limitée” pourraient également dynamiser ce circuit de consigne.
Les verres consignés sont garants d’un maintien des circuits courts et du commerce local grâce à l’incitation à revenir que représente la récupération de la valeur de ces consignes.
Un dispositif de lavage des contenants serait nécessaire mais pourrait être intégré à la nouvelle cuisine centrale qui en bénéficierai également pour supprimer les contenants plastiques et nettoyer ses contenant devenus réutilisables.
Un graveur laser serait nécessaire pour marquer les contenants fournis par les client·es. Un guichet pour les faire graver serait nécessaire, mais des évènements devant les magasins partenaires pourraient être envisagés car une graveuse a un encombrement restreint.
Des caisses de transport seront également à prévoir.
La consigne communale adresse certaines critiques faîtes aux monnaies locales : le protectionnisme par exemple. Un contenant consigné ne peut être retourné que dans les commerces qui acceptent la consigne, mais il a un usage, où qu’il se trouve sur Terre.
Gravé, il devient même un souvenir. On imagine bien les touristes repartir avec leurs souvenirs consignés gravés de nos Géant·es.
Même en cas d’échec pur et simple de la démarche, ces verres resteront utilisables et ne seront donc pas perdus.
Les difficultés de mise en place sont aussi moindres, un contenant est quelque chose de palpable, on en devine facilement l’usage. C’est probablement une meilleure garantie d’adoption.
Les monnaies locales s’accompagnent souvent d’une charte éthique : dans la cadre de la consigne, ce n’est pas nécessaire.
La charte éthique de l’utilisation de la consigne est liée physiquement à l’idée même de consigne : réutiliser les contenants, éviter les déchets. Celui qui utilise la consigne, par son geste, s’engage intrinsèquement dans une démarche éthique.
Enfin, toujours dans l’optique des transversalités et l’inscription dans une vision globale, cela est cohérent avec l’idée d’une cuisine centrale et le remplacement des contenants en plastique. Cuisine centrale et laverie centrale, cela a du sens.
Le colis des aînés avec des verres consignés, c’est aussi donner du pouvoir d’achat et inciter à aller les échanger dans les magasins qui jouent le jeu de la consigne, idem pour le tout le fonctionnement de la ville.
C’est aussi de la propreté et des opportunités pour les plus défavorisés. Autrefois, les enfants récupéraient les bouteilles de la brasserie Gayant consignées dans la rue et en obtenaient quelques francs pour acheter des chuques.
La consigne est un thème central pour moins de déchets avec beaucoup d’externalités positives et doit être considérée à mon sens à Douai comme ailleurs.
Publié le mercredi 10 juin 2020 à 17:00:00.