L'écologie dans le Douaisis, avec et pour vous !Nicolas Froidure

Polarys : le Douaisis avait-il besoin d’une patinoire ?

Photographie du roman graphique « L’écume des jours ».Après l’inauguration en grandes pompes de la patinoire Polarys, retour sur l’historique de celle-ci et clôture du dossier, jusqu’à nouvelle majorité.

🔗Aux origines, un vote

C’est en 2019 que le Conseil Communautaire de Douaisis Agglo a voté, à l’unanimité, la création d’une patinoire « d’intérêt communautaire » (comme pour le boulodrome à 9,5M€ et le planétarium à 12,5M€).

Fait notable, à cette époque, le PS comme le PC, votent pour tous ces équipements (dont Frédéric Chéreau, alors Vice-Président également) tout comme l’unique élu écologiste présent dans cette assemblée.

🔗Renouveau écologiste

Le renouveau du groupe local EÉLV Douaisis a brisé ce consensus en mettant sur le devant la scène l’impact climatique et environnemental de ces nouveaux équipements, mais aussi, le budget conséquent qu’ils représentaient.

Dès lors, le groupe EÉLV s’oppose à ces projets, notamment, en juillet 2019, en proposant à la braderie de Douai un « chamboule-tout des projets inutiles de l’agglomération ».

Les problèmes que posaient ce projet de patinoire étaient :

  • sa localisation, en périphérie de la ville, sur des terres non-bâties,

  • son faible intérêt à un moment où le réchauffement climatique se fait plus pregnant,

  • son coût (14 M€) et le fait que cet argent serait mieux dépensé autrement (par exemple en créant une unité de filtrage des ions perchlorates présents dans notre eau du robinet évaluée à 3M€),

  • le fait que ce sport est un sport réservé à une faible proportion d’habitant·es, souvent les plus aisé·es (ce que la grille tarifaire ne manque pas de confirmer, 247€ par an pour s’inscrire à l’école de glace),

  • la proximité de la patinoire de Valenciennes qui permet aux écoles de s’y rendre occasionnellement sans qu’il ne soit nécessaire d’en construire une à Douai.

🔗Élections municipales de 2020

En 2020, suite aux élections municipales, les écologistes du Douaisis se renouvèlent en désignant de nouveaux visages à la Mairie de Douai.

S’en suit, l’arrivée de deux élu·es communautaires propulsé·es grâce aux voies des écologistes (Stéphanie Stiernon et Jean-Christophe Leclercq). Ces dernier·es forment le groupe Douaisis Solidarité Écologie qui regroupe le PS, EÉLV et quelques citoyen·nes (principalement des villes de Douai, Dechy et Waziers) avec pour préalable la liberté de ton et de vote, notamment sur ces projets.

Immanquablement, en phase avec leurs engagements, les écologistes refusent de voter les délibérations en lien avec le boulodrome et la patinoire.

🔗Les règlements de compte et trahisons

Ce positionnement provoque l’ire de Christian Poiret qui décide alors d’exclure Frédéric Chéreau de la gouvernance de l’agglomération. Ce dernier tente alors de se présenter à la présidence face à Christian Poiret lors du premier conseil d’agglomération, sans succès. Ceci ne manquera pas d’agacer encore plus Christian Poiret.

Il nomme alors François Guiffard, arrivé bon dernier aux élections municipales de Douai, Vice-Président au tourisme. C’est le choc pour la gauche Douaisien·ne stupéfaite par ce retournement de veste d’un élu plusieurs fois candidat pour la France Insoumise et extrêmement critique (parfois même plus que les écologistes, du moins dans la forme), de la politique de l’agglomération.

Entre deux, la COVID ayant fait son ouvrage, les conseils communautaires sont diffusés sur les réseaux sociaux en direct et en retransmission. Durant plusieurs conseils d’agglomération, la rupture de l’unanimisme impulsé par les interventions bien senties de Stéphanie Stiernon agacent.

Suite à un coup de colère, Christian Poiret fait interrompre le live en plein conseil et supprime la possibilité de revoir tous les conseils communautaires précédents.

Les conseils suivants restent tendus. Ils sont toujours diffusés en live jusqu’à un nouvel éclat de voix sur fond d’élections départementales. Se sentant une nouvelle fois insulté·es, les élu·es de Douaisis Solidarité Écologie finissent par quitter le conseil communautaire.

Ce comportement anti-démocratique, provoquant la révolte pour certain·es, a également l’effet de provoquer de nouveaux ralliements inattendus. Coline Craeye, au début très incisive contre Christian Poiret, a fini par basculer de son côté, à la faveur d’un accord pour les départementales de 2021. Cette dernière a négocié une candidature aux côtés du bras droit de Christian Poiret, Christophe Dumont (également maire de Sin-le-Noble), sur le canton de Sin-le-Noble, voisin de celui de Douai.

Une autre défection interviendra, cette fois dans les rangs des écologistes : celle de Jean-Christophe Leclercq. Ce dernier profitera de la ligne radicale de Sandrine Rousseau pour déclarer quitter le parti EÉLV par voie de presse (en tentant de m’égratigner au passage…).

D’autres viendront, dans tous les groupes, avant les élections municipales de 2026, mais j’ai appris à ne plus m’en étonner 🤷‍♀️.

🔗Crise énergétique et moratoire

Suite à la crise énergétique ayant suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Stéphanie Stiernon a de nouveau dénoncé ce projet, au nom du groupe des écologistes du Douaisis.

Photographie de Stéphanie Stiernon demandant un moratoire sur la patinoire Orionis

Ce sera de nouveau une fin de non recevoir. Entre temps, les élu·es écologistes du Nord s’opposeront également au financement de cette dernière par le département.

🔗Phase finale : le green-washing

L’inauguration de la patinoire, avec la présence de célébrités comme Philippe Candeloro (grand théoricien de la misogynie inversée…), a été un grand moment de green washing. Christian Poiret s’est gargarisé de planter des arbres et a évoqué deux points concernant la conception écologique de la patinoire :

  • la présence de 800m2 de panneaux solaires (comme si cela rendait le projet vertueux tout à coup),

  • la récupération de la chaleur générée par la patinoire Orionis pour chauffer la piscine Sourcéane : seul problème, il faut refroidir beaucoup en été et peu en hiver, alors que pour la piscine, c’est le contraire. Le pic de production de chaleur ne sera donc pas exploitable pour chauffer la piscine, à moins qu’elle ne devienne un sauna géant en plein été.

🔗Et maintenant ?

On m’a demandé si j’irai. La réponse est peut-être, de temps en temps, avec les enfants. Je n’en ai cependant pas un besoin impérieux. Cela peut paraitre contradictoire, mais maintenant que cet équipement existe et fonctionne, autant l’utiliser. Il faudra attendre une alternance à l’agglomération pour ne plus subir ces projets climaticides.

C’est dommage, car justement, pour Douai d’hiver, nous avions rompu avec la tradition de la patinoire pour justement proposer une piste de rollers qui s’est avérée finalement tout aussi amusante (sous l’impulsion de Nathalie Apers). Peut-être un futur possible pour cette patinoire quand l’écologie sera enfin au cœur des préoccupations. Ce sera autant d’électricité solaire utilisée pour nos foyers plutôt qu’à produire de la glace.

Mon sentiment est que dans l’optique d’une alternance, une consultation avec des éléments précis, transparents et un vote des habitant·es concernant son devenir serait un façon de solder totalement le différent.

L’image accompagnant cet article est une photo d’une illustration, produite par Paul Brizzi et Gaëtan Brizzi, de la fameuse scène de la patinoire dans le roman de Boris Vian intitulé « L’écume des jours ».

Publié le dimanche 17 novembre 2024 à 09:00:00.