Des idées pour le SMTD

On pourrait se demander si la gratuité des transports en commun n’est pas la mesure ultime et l’aboutissement d’une politique de transport écologiste.

Au contraire, c’est le premier pas vers un nouveau paradigme. En permettant à toutes et tous de se déplacer librement grâce à la prise en charge totale du coût des transports publics, on ouvre la voie à une radicalité décomplexée puisque personne n’est laissé au bord du chemin de la mobilité.

Voyons ensemble quelles pourraient être les mesures suivantes !

🔗Mieux communiquer sur la gratuité

D’abord et avant tout, il me semble urgent d’améliorer le récit autour de la gratuité. En effet, lors d’une réunion au sujet des travaux de la place l’Hérillier, j’ai trouvé que le récit porté était décousu et manquait d’impact face aux interventions de quelques hommes venus en découdre contre le projet.

Notamment, l’un d’entre eux, se posait en défenseur des Douaisien·nes, auxquel·les qui le projet de la ligne B ne profitait pas selon lui. Il n’aurait pas été contredit si je n’avais pas évoqué mon expérience propre avec les transports en commun. La gratuité conjuguée à l’amélioration du service profitent bien-sûr aux Douaisien·nes, mais à condition qu’iels réalisent les bénéfices induits (mobilité renforcée, trafic réduit, pas besoin, par exemple, de seconde voiture pour les transports occasionnels) et qu’iels prennent ces transports gratuits.

Qui paie ? S’est alors exclamé un deuxième intervenant. La réponse est simple : les gens qui ne prennent jamais les transports en commun ! C’est pourquoi, il faut les prendre chaque fois que c’est possible, pour aller travailler, voir ses ami·es, sa famille ou pour les loisirs...

Pour accélérer cette prise de conscience, quelques mesures simples sont possibles :

• intégrer les horaires aux planificateurs d’itinéraires : grâce à cette action, nous aurons, à chaque planification de trajets sur téléphone, l’indication du temps pour le réaliser en transports en commun. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas, pourtant les données sont bien publiées. Le problème peut provenir de la licence utilisée (ODBL plutôt que la licence ouverte) ou de la qualité des données insuffisante (des erreurs semblent présentes). Claude Hégo en a été informé,

• proposer des scénarios d’usage : partout où c’est possible (et pourquoi pas à la place du panneau qui me peine en gare), proposer des itinéraires en transports en commun pour susciter des usages : le parc Bertin, le cinéma, le Centre Historique Minier etc... ainsi que les temps de trajet, ce ne sont pas les possibilités aui manquent. Pourquoi pas un site Internet dédié pour des idées d’utilisation de l’offre de transport.

Heureusement, la gratuité se développe dans d’autres territoires (agglomération Hénin-Carvin / Lens-Liévin) ce qui permettra, je l’espère, de populariser les possibilités qu’elle offre. Le SMTD pourrait même s’étendre au Pévèle-Carembault ce qui augmenterait de facto la présence de la gratuité.

À terme, si la tendance se confirme, on pourrait imaginer faire un tour de France gratuit en bus, pour les personnes qui ne sont pas pressées et voudraient découvrir la France à leur rythme.

🔗Augmenter l’offre de bus

Selon la Voix du Nord du 25 janvier 2025, la fréquentation en 2024 était de 12M de voyageur·euses contre 7.5M avant la gratuité. Cette augmentation de fréquentation importante montre qu’avec la gratuité, les transports en commun peuvent prendre une autre dimension.

C’est pour cette raison qu’il est nécessaire de déployer un politique de conquête de nouveau créneaux à ce jour inexploités la faute à la faible utilisation des infrastructures.

Pour ce faire, plusieurs pistes :

• élargir les horaires : de nombreuses personnes regrettent que le service s’interrompe trop tôt. Impossible d’aller faire une activité sportive ou une sortie au théatre en bus dans ces conditions,

• investir le dimanche matin : en effet, aucun bus le dimanche matin ce qui me semble regrettable. Il serait utile de proposer, pour commencer, un service de bus amélioré le premier dimanche du mois pour tester la mesure tout en communiquant sur la possibilité d’aller au musée entièrement gratuitement (ces derniers étant gratuits le premier dimanche de chaque mois),

• augmenter la fréquence : certaines lignes sont peu utilisées mais on peut se demander si la faible fréquence n’y est pas pour quelque chose. En utilisant des bus plus petits adaptés aux dessertes rurales (comme pour la navette Binbin), il serait envisageable d’augmenter la fréquence. De plus, ce matériel pourrait également être utilisé pour l’élargissement des horaires car une fréquentation moindre serait probable à des heures plus tardives.

🔗Améliorer le sentiment de sécurité

Malheureusement, les transports en commun ont parfois mauvaise presse et des personnes ne les prennent pas car elles ont peur d’y être agressées.

Pour lutter contre ce sentiment, il faudrait mettre en place quelques mesures :

• des campagnes régulières contre les violences sexistes et sexuelles dans les transports en commun (à l’image de ce qui se fait dans le métro lillois). Ceci permettrait de conserver un usage aux espaces qui étaient utilisés autrefois pour les tarifs,

• un arrêt à la demande après 19h : afin d’être déposé au plus proche de chez soi,

• un bouton d’alerte sur l’application du SMTD en lien avec les forces de police nationale afin de permettre une intervention rapide et en toute discrétion de celles-ci en cas de danger.

On le voit, il y a bien des améliorations possibles encore. Par un effet de vases communicants, les reports modaux vers le bus en lieu et place de la voiture permettront d’investir plus massivement dans les transports en commun. Et si pour 2025 on se donnait l’objectif de ne posséder qu’une seule voiture par foyer ? De quoi atteindre l’objectif de diviser le nombre de véhicules en circulation à la faveur du passage à l’électrique.

Publié le mardi 28 janvier 2025 à 19:00:00.