À l’occasion des Journées des Écologistes à Grenoble durant lesquelles les nouvelles orientations d’EÉLV se dessinent, je vais au travers de ce billet entrer dans le détail de mes vœux pour l’écologie politique de demain.
Plusieurs militant·es ont exprimé récemment dans une tribune leur souhait de transcender EÉLV pour créer un nouveau parti autour du pôle écologiste.
Regrouper les forces écologistes me semble être une excellente idée mais il y a de nombreux points d’attention à surveiller de très près :
la démocratie interne : EÉLV est un parti bénéficiant de statuts et d’un règlement intérieur très clairs, centrés autour de la subsidiarité et la démocratie interne. Je suis profondément attaché à ce mode de fonctionnement qui est une des raisons pour lesquelles j’ai rejoint ce parti. Qui dit nouvelle instance dit nouveaux statuts et ces déclarations de bonnes intentions ne disent rien des modalités de constitution de ces derniers ni de leur contenu ;
l’organisation du parti et surtout ses outils : j’ai eu l’occasion de parler des outils numériques d’EÉLV et de la nécessité de les refondre pour améliorer l’efficacité du parti, son inclusivité et sa démocratie interne : c’est clairement une opportunité pour bien faire, mais le risque est de faire cela dans la précipitation sans faire un diagnostic précis de chaque SI pour ne garder que le meilleur, le plus viable à long terme. Voir de partir sur de nouvelles bases plus saines.
Les années qui viennent seront propices à toutes ces réflexions (les prochaines élections seront les européennes en 2024), il ne faut pas, de mon point de vue, se précipiter puisque que ce sera sur ces bases que nous enchaîneront les prochaines séquences électorales avec un réchauffement climatique qui sera alors encore plus prégnant.
Dans ce contexte, notre principale mission sera de maintenir l’espoir dans une société plus juste, plus écologique en continuant de proposer les solutions que nous préconisons depuis longtemps quand beaucoup de nos concitoyen·nes seront poussé·es au désespoir par les gardien·nes de l’ancien monde et le maintien de ses privilèges.
Il faut bien sûr considérer nos partenaires potentiels pour la suite. EÉLV n’est pas le PS, la FI ou le PC. Nous avons un socle idéologique différent. Je ne suis donc pas favorable à la création d’un grand parti de gauche.
Je suis, en revanche, toujours favorable à l’union quand elle a du sens, quand elle est équilibrée. C’est donc toute la question des années à venir : déterminer les scrutins pour lesquels l’union maximise la possibilité de mettre en œuvre une politique écologique.
Cela dépend donc :
de la nature du scrutin : aux européennes, il est inutile de faire liste commune puisque c’est un scrutin proportionnel,
de la nature des partenaires : leur propension à accepter d’intégrer des mesures écologiques au programme commun, puis, à les respecter. En cas de leadership d’une formation, sa capacité à respecter ses partenaires… les scrutins municipaux, présidentiels et législatifs s’y prêtent certainement,
de l’attrait des propositions portées par chaque formation : il va de soi que le poids de chaque formation dans les urnes doit être pris en compte lors des unions pour que chaque formation puisse obtenir la juste représentation qu’elle mérite aux yeux des électeurices.
Il serait facile de qualifier tout cela de tambouille électorale, mais ceci est dû à la nature du clivage gauche/droite compris comme celleux qui souhaitent le changement contre les tenant·es de l’immobilisme voire du retour en arrière. D’un côté, le changement est protéiforme, de l’autre, le recul est plutôt uniforme voire carrément linéaire.
C’est pour cette raison que l’union des gauches est nécessairement tactique puisqu’il s’agit d’établir un socle de changements commun entre chaque formation, de négocier les termes des désaccords et d’en faire enfin une politique globalement cohérente pour éviter qu’elle ne soit plus qu’un patchwork d’idée sans ligne directrice.
Tout ceci ne peut plus se faire dans la désorganisation la plus totale, au dernier moment, comme cela a pu être le cas pour la NUPES. Il faut un cadre solide qui garantisse plusieurs points cruciaux :
la prise en compte des aspirations des citoyen·nes : car c’est bien notre responsabilité d’offrir aux citoyen·nes la politique qu’iels souhaitent,
la consultation des militant·es de terrain : car ce sont elleux qui au final font le travail qui permet la victoire,
la prise en compte du contexte local : tous les territoires se sont pas équivalentes,
une forme de concurrence bienveillante pour les scrutins ne nécessitant pas d’union : si on peut s’unir dans certaines circonstances, on doit pouvoir entrer en compétition de façon loyale et honnête,
le respect de notre diversité : précondition des points précédents, respecter la diversité des formations de gauche et la considérer, finalement, comme une richesse et une façon d’offrir un large choix aux électeurices. Il faut donc rompre avec les comportements hégémoniques voire de prédation.
La question principale est finalement : «Comment gagner les élections à scrutin majoritaire quand on ne l’est pas encore ?». Car c’est bien le double enseignement des présidentielles et des législatives. Les écologistes ont encore du travail à faire pour devenir l’alternative au libéralisme climaticide et au fascisme. Mais la gauche, elle-même, réunie, n’a pas encore la force suffisante pour remporter les élections nationales.
Pour conclure, le tâche est devant nous : continuer à mettre en avant nos solutions pour sortir de la crise climatique et démocratique, continuer à créer les conditions de l’union à gauche quand elle a du sens pour maximiser les résultats concrets de l’écologie politique.
Publié le jeudi 25 août 2022 à 12:00:00.