La région Hauts-de-France s’engouffre dans le numérique sans vision, reléguée au rang de suiveuse, copiant-collant, en retard, le modèle hyper-financiarisé de la Silicon Valley, en recherche de “licornes” éphémères dopées à l’argent public.
Ce faisant, elle ignore, au passage, le peu de bonnes initiatives lancées outre atlantique pourtant majeures dans l’essor du développement humain grâce au numérique : le logiciel libre, l’open-data et les communautés collaboratives.
Cela doit changer ! Il est temps de mettre le numérique au service des citoyen-nes et de la transition écologique.
L’industrie numérique développe des innovations technologies à une vitesse jamais observée tout en impactant durablement et transversalement notre société.
Elle prend une place prépondérante dans nos vies, dopé par la finance qui y voit une aubaine de conquête de nouveaux marchés mais aussi d’activités économiques jusqu’ici incontrôlables par une autorité centrale, la fameuse uberisation.
Convaincues de l’importance pour la compétitivité de nos territoires de développer le secteur numérique, la région Hauts-de-France investit dans le numérique mais a perdu sa boussole en route.
Rien n’est perdu cependant, il existe de nombreuses compétences numériques en Hauts-de-France qui ne demandent qu’à s’exprimer de manière plus rationnelle et à se mettre au service d’une vision alternative et maîtrisée du développement numérique.
Il est temps de mettre ces compétences au service des citoyen-nes pour passer d’une région largement consommatrice du numérique à une région actrice d’un autre numérique, plus vertueux et plus respectueux des humain-es et de l’environnement,
Le numérique n’est pas une fin en soi. On a pas besoin d’acheter un multimètre pour bénéficier du courant électrique. Pourquoi en serait-il autrement pour le numérique ?
La digitalisation des services publics mène au concept de fracture numérique quand il existe des moyens tout à fait fonctionnels de permettre aux personnes qui ont embrassé la technologie d’accéder rapidement et librement à l’information, aux services publics, et en même temps, de permettre un accès alternatif à ceux qui ne souhaitent pas consacrer une part non négligeable de leur temps et de leur budget à faire parti d’un monde pour lequel iels n’ont aucun attrait.
Il est de la responsabilité des professionnel-les du numérique de prendre en charge des alternatives à l’accès via un terminal : envois de courrier automatisé, serveurs vocaux, reconnaissance de caractères/vocale, traitement du langage naturel… les solutions fiables et pérennes ne manquent pas pour combler le manque flagrant d’inclusivité du numérique.
Un numérique ouvert et inclusif n’exige pas l’achat d’un smartphone ou la création d’un compte Facebook pour faire parti intégrante de la société.
La région Haut-de-France ne peut être le facilitateur de l’uberisation de notre société et du basculement de l’économie dans le giron d’une poignée de d’entreprises multinationale (les tristement célèbres GAFAM) qui exploitent de façon globale, en mode terres brûlées, les ressources et les habitant-es de notre planète.
Sans un coup d’arrêt au financement de startups destinées au rachat par ces groupes, il y a peu d’espoirs pour développer une alternative à ce pillage économique global.
Sans la fin d’une politique d’inclusion numérique consistant à jeter aux GAFAMs de nouveaux consommateurs numériques par tablette interposée financée allègrement par nos institutions, il y a peu de chance que nos générations futures deviennent des acteurices du numérique plutôt que des consommateurs que leur smartphone dépasse et, d’une certaine façon, contrôle…
Sans une véritable politique de développement et de soutien aux logiciels libres, à l’open-data et à la diffusion libre de la connaissance, il y a peu de chances pour que les données collectées en trop grand nombre ne deviennent un outil de développement humain plutôt qu’un vecteur d’asservissement des foules.
Les crédits régionaux doivent être orientés, sans délai vers le développement des alternatives libres, solidaires et vertueuses aux GAFAMs, condition sine quoi non de la souveraineté économique des Hauts-de-France et, par extension, de sa prospérité et de son autonomie.
Conséquence du développement effréné et inconséquent de la consommation numérique, l’impact environnemental de ce secteur va croissant.
Le toujours plus vite, au delà du stress qu’il génère, fait exploser l’impact environnemental du numérique.
La responsabilité de la région Hauts-de-France est de développer les initiatives qui permettent un usage raisonné du numérique. Faut-il toujours disposer en temps réel des informations calculées par les ordinateurs ? Rien n’est moins sûr.
La sobriété numérique doit être au cœur de l’action régionale car elle induit une remise en cause des usages salutaire, loin du toujours plus vite, faisons toujours mieux !
Les usages numériques se multiplient. Aujourd’hui, nous connaissons l’impact des écrans, notamment sur les plus jeunes.
L’heure n’est pas à mettre un écran de plus sous les yeux de nos enfants, mais au contraire, de les sensibiliser à ce monde qui les entoure et qui est plein de surprises et d’expérience autrement plus enrichissantes.
Bien-sûr, il s’agit de développer des compétences numériques qui sont indispensables pour les citoyen-nes et travailleurs d’aujourd’hui, mais qui peut penser qu’une tablette bloquée dans un environnement maîtrisé par un GAFAM est un environnement propice à devenir acteur plutôt que consommateur du numérique ?
La région Hauts-de-France a une responsabilité importante pour donner aux lycéens les moyens de se servir du numérique sans en être esclave. Il existe de nombreux outils, souvent libre pour ce faire, plus durables et bien moins onéreux de surcroît (Arduino, RaspberryPI, GNU/Linux…).
La région Hauts-de-France peut et doit devenir actrice du numérique. Pour ce faire, elle aura besoin d’acteurs capables d’en saisir les enjeux sociaux et environnementaux, formons-les dès aujourd’hui !
Publié le dimanche 13 septembre 2020 à 13:00:00.