L’élection, aux États-Unis, de Donald Trump avec l’aide du milliardaire américain propriétaire du réseau X (ex Twitter)¹ a démontré le danger que peut représenter l’usage de réseaux sociaux centralisés et détenus par des intérêts privés pour le bon déroulement de scrutins majeurs.
D’une manière générale, les réseaux sociaux sont souvent le terreau fertile du développement de fake news, de désinformation et de théories complotistes ayant parfois des conséquences très concrètes sur la sécurité et la santé de nos concitoyen·nes mais aussi sur l’équilibre de notre société (addiction, publicité, harcèlement…)².
De plus, l’impact environnemental des réseaux sociaux s’avère important en comparaison du service que rendent réellement ces derniers à leurs usagères et usagers³. Aussi, leurs stratégies de captation de l’attention ne favorisent ni la qualité des échanges, ni leur efficience concrète, ni la bonne information des usager·es.
Face à ces constats, la ville de Douai ne peut plus rester dans l’angélisme de l’essor des premiers réseaux sociaux. Ces faits nécessitent un changement de posture afin de prendre en compte ces phénomènes dans sa stratégie numérique.
Sa présence actuelle se limitant à des réseaux (Facebook, Instagram, X ex Twitter, YouTube et LinkedIn) détenus par des sociétés états-uniennes, dont le code source est fermé (leur recette nous est inconnue), dont le réseau est centralisateur et non interopérable, dont l’utilisation de l’intelligence artificielle est incontrôlée, où la présence de publicité est très forte et où la création d’un compte est parfois nécessaire pour accéder aux contenus.
Il apparaît clairement que la seule clé décisionnelle de la présence de la ville est conditionnée au trafic supposé sur ces derniers, sans diversité, ni dans les formes juridiques, ni dans les principes régissant ces plateformes.
La ville de Douai, en étant présente sur ces réseaux, mais aussi, en incitant ses concitoyen·nes à l’y rejoindre, ne peut faire l’économie de l’établissement de principes permettant de sélectionner ces derniers. La publication et la gestion d’une présence sur un réseau social n’est pas neutre financièrement, il en va donc aussi, du bon usage de l’argent public.
De plus, en misant sur des réseaux dont les règles sont pipées, elle se met en situation d’inefficience étant donnée qu’elle entre volontairement en concurrence avec la capture de l’attention de son public par la publicité et les robots présent·es massivement sur ces plateformes.
En conséquence, je pense que la ville devrait favoriser l’adoption graduelle des mesures suivantes :
favoriser l’information directe par courriel : en effet, étant donné que la possession d’une adresse courriel est devenue pratiquement indispensable, il paraît raisonnable de penser que l’audience qu’une lettre d’information peut toucher est plus large que pour tout réseau social. Ce médium permet également une diffusion plus directe de l’information et peut, d’ailleurs, être adapté et décliné pour chaque quartier / public afin de présenter les informations les plus utiles. Grâce aux liens hypertextes, il est, de plus, tout à fait possible d’offrir une vision synthétique officiant à la manière d’un index pointant vers des pages dédiées du site Internet de la ville (épargnant, au passage, de trop nombreuses sollicitations des usager·es, un courriel hebdomadaire pouvant alors suffire),
favoriser les réseaux sociaux vertueux : afin de conserver un lien interactif, la présence sur les réseaux sociaux peut perdurer, mais non sans établir une grille d’analyse des spécificités de chaque réseau social avant d’y investir la ville par la production de contenu ou leur promotion auprès du public (invitation à “suivre” la ville sur un réseau). Un telle grille pourrait prendre en compte les critères tels que la décentralisation, le degré d’ouverture de la technologie/du protocole utilisé, la présence ou non de publicité, la nature de leur modération… Des réseaux sociaux tels que Mastodon sont non seulement libres, éco-conçus et sans publicité, mais aussi décentralisés et ouverts, permettant à chaque personne l’utilisant de choisir son fournisseur en fonction de ses préférences et d’en changer au gré de leurs besoins ou envies prouvant que des alternatives vertueuses existent,
héberger sa propre présence sur les réseaux sociaux : à terme, il paraît utile pour la ville d’héberger, elle-même, ses contenus, en mettant en œuvre sa propre instance Mastodon réservée à ses différents services ainsi qu’aux élu·es et pourquoi pas aux associations. Cette stratégie permettra à la ville de diffuser des informations tout en conservant la main sur la visibilité de ces dernières et leur éventuelle modération.
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Publié le vendredi 31 janvier 2025 à 19:00:00.