Depuis quelques temps, je suis littéralement harcelé par mon fournisseur d’accès (B-And-You filiale de Bouygues Telecom) pour le passage à la fibre car les boucles locales en cuivre (le fameux ADSL) seraient appelées à disparaître.
Le fait est que je ne ressens pas le besoin de changer, une connexion ADSL 8Mb/s me suffit amplement. Dès lors, pourquoi changer étant donné que le coup d’une connexion fibre s’accompagne d’une augmentation du tarif de l’abonnement de l’ordre de 10€/mois ?
Il s’avère que le passage au tout fibre pourrait bien être écologique :
elle serait, selon l’ARCEP, moins énergivore: 0.5 Watts par ligne pour la fibre contre 1.8 pour le cuivre,
elle serait moins onéreuse à entretenir selon les opérateurs, surtout qu’aujourd’hui, il faut entretenir les deux réseaux,
la plupart des réseaux cuivre étant aériens, il devrait être aisé de les démonter et de récupérer le cuivre dont le prix est plutôt élevé actuellement (7370€ la tonne).
À pondérer cependant, en ce qui concerne la consommation de la fibre, car la consommation de la ligne est peu importante en comparaison de celle des serveurs et des terminaux qui varie en fonction des usages.
Un Internet plus rapide est généralement de nature à intensifier les usages (le fameux effet rebond).
Il faut également se demander quel est le bilan carbone des équipements installés pour connecter la fibre bien que cet argument tombe quand elle est déjà présente aux côtés du cuivre (et c’est déjà bien le cas selon cette carte).
Dans tous les cas, une analyse du cycle de vie complète serait la bienvenue.
Très probablement. Il est vrai que l’investissement dans les nouvelles infrastructures est nécessaire, mais l’installation est souvent facturée aux client·es via des frais de mise en service ou de raccordement.
De plus, migrer vers la fibre réduit les coûts d’entretien du réseau (notamment via le retrait du réseau cuivre).
On pourrait s’attendre, donc, à ce que les abonnements fibre soient moins onéreux ou au même prix que les abonnements ADSL. La réponse est non.
Tous les opérateurs affichent un prix équivalent pendant 1 an, puis, le prix de l’abonnement double quasiment.
Qu’est-ce qui justifie une telle différence ? De mon point de vue : rien. Du point de vue des opérateurs, c’est l’offre de service plus complète : TV, téléphone… et bien sûr la nouvelle box.
Pour les personnes qui, comme moi, souhaitent juste avoir Internet, c’est clairement un recul dans l’offre de service. Le problème est que ce recul est coordonné entre tous les opérateurs qui s’entendent une fois de plus sur les prix.
J’ai reçu facilement 10 messages de la part de mon opérateur concernant ce changement pour me prévenir que c’en était fini de la boucle cuivre, sans jamais, bien-sûr, donner de date limite, ni préciser qu’en fait, j’ai le temps (2030).
Dans certains territoires "test", on missionne même les élu·es pour expliquer à la population que la boucle cuivre disparaît. Bon courage à elleux pour expliquer comment les abonné·es aux téléphone nouvellement affublés d’un abonnement Internet dont iels n’auront peut-être pas l’usage. Et vice-versa.
Les élu·es deviennent malgré elleux les VRPs des opérateurs qui comptent bien profiter de ce changement pour s’en mettre plein les poches.
En fait, on joue sur les mots, ce n’est plus commercialisé, mais les lignes existantes continuent de fonctionner, encore que.
Perdants dans le maintien des offres fibres et cuivre simultanément, les opérateurs forcent la main des usager·es avec un service Internet qui se dégrade, j’ai pu personnellement le constater : problèmes d’obtention d’adresse IP, débit limité… À chaque fois, il est alors nécessaire de passer par le support qui, bien-sûr, en remet une couche avec une publicité pour abonnement fibre pendant l’attente…
Si elle n’est pas organisée, cette dégradation est à tout le moins le résultat d’un effort minimal (voire inexistant) dans la maintenance de ces infrastructures vieillissantes.
Bref, j’ai décidé (contraint par une connexion inutilisable) de passer à la fibre, mais d’en profiter pour étudier les différentes alternatives, notamment les fournisseurs d’accès à Internet associatif, et notamment, l’association FDN.
Elle propose un abonnement un peu plus onéreux mais offre une connexion Internet neutre (pas de profilage commercial) et gérée de manière ouverte.
Ce n’est qu’une connexion Internet (pas de télévision, ni de ligne téléphonique), mais on se demande bien qui en a l’usage. Le routeur (équivalent de la box Internet) n’est donc pas fourni ce qui permet de choisir le matériel le plus adapté à son usage.
Bref, une solution intéressante, j’ai hâte de profiter de cette connexion. Prochaine étape, le passage à un opérateur téléphonique associatif ou coopératif (comme Telecoop).
Comme pour tous les réseaux (EDF, SNCF…) je suis favorable au retour de la nationalisation des infrastructures. On le voit, ce sont des maillons essentiels à la planification écologique. Ils évitent la redondance des infrastructures (véritable aberration écologique), mais aussi, permettent un accès égal au service public sur tout le territoire et une utilisation rationnelle des moyens mis en œuvre.
Nous l’avons vu avec les possibles délestages et les coupures d’Internet probables, les opérateurs privés, intéressés uniquement par le profit, ne sont pas en mesure d’assurer la résilience des infrastructures stratégiques ou vitales pour la population. Dans une société numérique, la connexion Internet devient nécessaire et les coupures peuvent avoir de graves conséquences.
Mais c’est aussi une question d’égalité d’accès et d’égalité des chances à l’heure ou toute démarche implique de près ou de loin, l’utilisation d’Internet.
Enfin, c’est également une question stratégique : la plupart des installations d’antennes 5G le sont avec du matériel Chinois (notamment Huawei pour Bouygues Telecom).
Et pour terminer, accessoirement, cela épargnera les personnes utilisant les services Internet d’être pigeonnées en toute occasion 😉.
Publié le mardi 14 février 2023 à 17:30:00.