L'écologie dans le Douaisis, avec et pour vous !Nicolas Froidure

Avec #MeTooPolitique, les langues se délient

Hier, avec ma compagne, nous nous étonnions du fait que, même au sein d’un parti tel qu’EÉLV, où Nicolas Hulot a longtemps grenouillé, les accusations sur ses comportements supposés ne ressortent finalement qu’aujourd’hui.

Un tweet de Pauline Rapilly Ferniot, une conseillère municipale EÉLV à Boulogne Billancourt, m’a confirmé que nous n’étions pas les seul·es à nous poser la question.

🔗Une culture machiste à déconstruire

On a beau être formellement convaincu de la nécessité de l’égalité femme-homme, il faut plus que des convictions idéologiques pour la mettre en application.

Comme j’ai l’habitude de le dire, je suis sûrement encore, malgré ma conviction, culturellement machiste. C’est un effort conscient que de lutter contre ce cadre culturel dans lequel nous avons grandi et baignons encore.

On le voit, d’ailleurs, il reste encore bien du travail à faire pour que la société donne aux femmes la place qu’elles méritent. Cette année, le 3 novembre, nous étions le jour à partir duquel les femmes travaillent gratuitement.

Je ne compte pas le nombre de réunions où une femme est interrompue par un homme qui passe au dessus de sa voix, et cet homme, certainement, parfois, c’est moi. C’est un effort conscient que d’inverser la vapeur, et il commence, pour les hommes, par un travail sur soi, de prise de conscience, et de passage à l’acte.

Alors, certain·es diront que ces sujets sont anecdotiques par rapport aux faits reprochés à certains, mais en fait, j’ai la conviction que si ces derniers s’y autorisent, c’est parce que nous baignons justement dans un monde où les limites du respect de l’égalité femme-homme sont trop basses. À nous de donner l’exemple en relevant la barre.

Un exemple : quand je constate cette situation, et que j’en ai le réflexe à cet instant, je continue de fixer la femme qui parlait pour lui signifier que je suis toujours en train de l’écouter. Souvent, cela fonctionne et la personne se rend compte de sa bévue.

Mais à la moindre inattention, où quand il n’y a pas d’alliés, ou simplement quand cette femme n’a sur l’instant pas l’énergie pour se rebeller car très certainement, à la maison, c’est en mode "fallait demander", cela passe, et on retombe dans cette culture machiste, qui finalement, s’applique "par défaut".

🔗Le pouvoir, un frein à la Justice

Mais, au delà du quotidien, dans l’affaire Hulot, il y a un petit supplément, le pouvoir ! Il est de coutume de dire que "le pouvoir corrompt". Je pense que cette maxime est pleine de bon sens, mais ce n’est pas une raison pour s’y résigner.

N’oublions pas que Nicolas Hulot n’est pas n’importe qui. C’était d’abord, une vedette, ensuite un symbole, et enfin, sous le gouvernement d’Emmanuel Macron, un ministre.

Dans ce type d’affaire, c’est un poids supplémentaire qui entrave la libération de la parole. Le nombre de personnes condamnées, accusées ou mises en examen dans le monde politique est conséquent. Gérald Darmanin (encore en poste !), Dominique Strauss-Kahn, François Asselineau.

Ces personnes se trouvent même parfois des allié·es innatendu·es comme Marlène Schiappa qui affichait son soutien à Nicolas Hulot en 2018.

Je comprends que l’on soit en attente des jugements pour s’exprimer sur les accusations faites à l’encontre d’une personne, mais la moindre des choses est tout de même d’observer une certaine retenue dans les soutiens, le temps que la Justice tranche.

🔗Un contexte qui évolue

Donc, la parole se libère, et c’est une bonne chose. Les différentes manifestations en faveur de l’égalité femme-homme, les hashtags sur les réseaux sociaux comme le #MeToo, et plus récemment le #MeTooPolitique.

Je pense aussi que les symboles du quotidien y participent: utilisation de l’écriture inclusive, création de cours d’école dégenrées, communications individuelles des féministes, respect de la parité dans les diverses instances, etc.

Le message que ces derniers envoient, malgré la cacophonie des pourfendeurs et parfois pourfendeuses du iel, c’est que vous n’êtes pas seules ! Le monde avance et il existe un camp que vous pouvez rejoindre, celui de celles et ceux qui ne se résignent pas, qui veulent faire avancer la société et le font, qui ne veulent pas d’impunité pour des actes répréhensibles.

Enfin, les structures, doivent également évoluer et je suis fier d’adhérer à un parti où Sandrine Rousseau a pu être entendue et devenir aujourd’hui l’une des figures de notre mouvement quand Denis Baupin a été, finalement, contraint par la force des choses de retourner à la société civile.

🔗Une lutte qui doit continuer

Photo de la manifestation en hommage à Aurélie Langelin, décédée, à Douai, sous les coups de son conjoint

Le contexte évolue, et, on le voit, ce n’est pas le fruit du hasard ! Malheureusement, à Douai encore, dans la nuit du 30 au 31 mai, Aurélie Langelin, décédait sous les coups de son conjoint. Elle devenait la 46ème victime de féminicide, un nombre qui depuis a dépassé la centaine

🔗À la municipalité

Le démarrage de la campagne municipale du groupe local EÉLV Douai a commencé par un tract que j’ai créé et distribué à un bon nombre de Douaisien·nes.

Une partie de ce dernier était consacrée à l’arrivée de Marie Cagenon aux côtés de Monsieur Gayant pour laquelle une pétition ayant reçu 150 signatures a été créée. J’ai eu la révélation en créant le logo de EÉLV Douaisis, de l’absence totale de Mme Gayant sur le logo de la ville. Nous avons ensuite organisé plusieurs événements pour soutenir cette cause, notamment la braderie où l’idée a reçu un chaleureux accueil.

Tract EÉLV des municipales 2020 à Douai

Par la suite de nouvelles personnes se sont agrégées à la dynamique et l’égalité femme-homme a été au cœur de notre engagement avec des propositions concrètes dans notre programme dont un extrait est à retrouver en bas de page.

Bien-sûr, après avoir rejoint le PS, ce programme s’est un peu amenuisé dans le consensus, mais un bon nombre de celles-ci peuvent être remise sur la table, notamment un symbole, notre logo, dont j’espère vraiment voir aboutir l’idée.

🔗Aux présidentielles et aux législatives

Je pense qu’il est de notre devoir de continuer cette lutte. L’équipe de campagne de Yannick Jadot en a fait une de ses 15 propositions pour une République écologique et sociale.

Pour les législatives, c’était justement, hier, le moment qu’a choisi Dimitri Houbron, notre actuel député, pour lancer sa campagne sur le thème des violences faites aux femmes.

Je ne doute pas de sa sincérité sur le sujet, mais je ne comprends pas cette bipolarité entre un gouvernement, qu’il soutient, et qui élève les agresseurs au rang de ministre, pour "en même temps", défendre la cause des femmes en local.

Je pense qu’il est urgent de remettre de l’entièreté dans la vie politique nationale, mais aussi locale. Les législatives seront un moment charnière car il s’agira d’accompagner l’action de Yannick Jadot ou de faire de la résistance contre un gouvernement qui pourrait être aussi médiocre, voire malheureusement, bien pire.

Et sur ce thème, comme sur bien d’autres, il est temps d’assumer la radicalité de nos idées pour une société plus juste.

Je vous encourage à signer l’appel pour mettre fin aux violences sexuelles en politique. Aucun candidat mis en cause ne doit être investi.


Extrait du programme des municipales à Douai: Égalité femme-homme

"La politique d’égalité dans la ville ne coûte pas forcément de l’argent. C’est avant tout une question de volonté politique. Penser l’offre de transports au travers du prisme de l’égalité, cela ne demande pas de financements importants. Donner des noms de femmes à de nouvelles rues, des nouveaux espaces publics, ça ne coûte pas un sou." Françoise Gaspard, historienne, ancienne maire de Dreux (2015)

La place de la femme en ville ne va pas de soi, il faut lutter contre les mauvaises habitudes et avoir une réelle volonté politique pour infléchir les positions et comportements sur ce sujet.

EÉLV Douai s’est saisi de ce sujet durant l’été 2019 avec ses propositions d’ajout de Madame Gayant sur le logo de la ville et d’inauguration de la place Olympe de Gouge en lieu et place du square du Dauphin.

Il reste encore fort à faire : 75% des budgets publics destinés aux loisirs des jeunes profitent aux garçons ([1] p17). En moyenne, en France, 10 à 15% des noms de rues des villes mettent des femmes à l’honneur ([1] p10, [1] p75). Seulement 16% des maires sont des femmes, 12% dans les villes de plus de 30 000 habitants ([1] p13).

Notre volonté d’agir sur ce sujet est forte, nos propositions le sont donc également.

Commune

  • ajout de madame Gayant sur le logo de la ville,

  • signature de La Charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale et création et nomination du poste de maire adjoint au respect de l’égalité femme/homme dont le rôle sera transversal et prescriptif dans l’action communale,

  • 25% des noms de rues à l’honneur de femmes en fin de mandat : recensement des rues, création de l’outil de détermination de genre (cf travail de Armand Gilles), discussions publiques et au sein des comités de quartier,

  • plan de mixité des infrastructures de loisirs : moratoire sur la création d’infrastructures réputées exclusivement masculines, création ou reconversion de lieux favorisant les activités mixtes et particulièrement aux âges où les femmes semblent déserter les équipements (12 ans et plus),

  • bureau et conseil communaux gérés de façon paritaire et égalitaire : temps et prises de parole respectés,

  • réévaluation des salaires des femmes employées communales au regard des salaires de leur homologues hommes,

  • création/adaptation des lieux dédiés aux loisirs pour les rendre plus inclusifs et qu’ils ne soient pas la chasse gardée des hommes,

  • plan de formation et de sensibilisation à l’égalité femme / homme des employés communaux avec en priorité ceux accueillant du public (gardiens de parcs/infrastructures sportives/services accueillant du public),

  • campagne de sensibilisation à l’égalité femme/homme sur les affichages communaux et dans les divers lieux publics sous gestion de la commune (notamment contre le harcèlement de rue),

  • mise en place du Gender Budgeting pour la commune,

  • mise en place des bonnes pratiques et recommandations en matière d’urbanisme du projet Womenability.

Intercommunalités

  • parité pour la représentation de Douai aux intercommunalités (idéalement adjointe à l’égalité Femme/Homme pour porter la vision au conseil communautaire),

  • 50% des stations du Tram dédiées à des personnalités doivent être des femmes (SMTD),

  • mise en place de l’arrêt à la demande à partir de 19h,

  • affichage contre les violences faîtes aux femmes dans les transports en commun et arrêts de bus. Messages vocaux d’information et numéro gratuit de prévention (SMTD).

Bibliographie

[1] La ville faite par et pour les hommes - Yves Raibaud


Publié le samedi 27 novembre 2021 à 11:20:28.