L'écologie dans le Douaisis, avec et pour vous !Nicolas Froidure

3615 code qui n’en vœux ?

Affichés dans toutes les communes mais aussi par le département, les vœux ont un revers insoupçonné : la publicité.

Une tradition suivie 🔗

Photographie des vœux de Christian Poiret et Frédéric Chéreau sur la même prose de vue.

Quelle que soit la commune, vous n’échapperez pas, dans le Douaisis, mais partout ailleurs, aux vœux placardés par vos élu·es de chaque collectivité du mille feuilles administratif bien connu des français·es.

Ces vœux s’expriment via des panneaux institutionnels (aussi appelés “sucettes”) gérés par JC Decaux ou encore Clear Channel, deux sociétés sollicitées respectivement par la ville de Douai et par le département du Nord pour gérer les publicités qui ponctuent notre paysage visuel quotidien.

Le revers de la médaille 🔗

Loin de moi l’idée de gâcher ce moment des bons vœux dégoulinants de bienveillance surjouée et de satisfécits autocentrés (la date de publication de cet article devrait vous en convaincre), mais je souhaitais tout de même, au travers de cet article relever un paradoxe.

Alors que nos élu·es nous souhaitent le meilleur par vœux interposés, “en même temps”, de l’autre côté des “sucettes”, se trouvent les 50% de publicités qui permettent cet affichage omniprésent de ces vœux, au final, peu utiles.

En effet, vous le savez, je considère que la publicité est un des maux les plus prégnants de ce siècle. Elle nous “inflige des désirs qui nous affligent”, comme le dit si bien Alain Souchon.

L’illustration de cet article montre comment, sur à peine 50m, deux panneaux de vœux (l’un de Christian Poiret pour le département, l’autre de Frédéric Chéreau pour la commune) se succédaient en janvier. Il se trouve que sur les mêmes panneaux exactement, le revers est occupé par de la publicité pour de l’alcool.

Il faut savoir que la loi Evin a longtemps encadré de manière stricte la publicité pour l’alcool et la cigarette. Cependant, par coups de rabot successifs (pour autoriser la publicité pour l’alcool sur Internet en 2009, pour assouplir la publicité pour l’alcool de façon générale en 2016). Malgré l’opposition de l’institut national du cancer et de tous les acteur·ices de la santé publique, la loi Evin ne protège plus contre un fléau pourtant largement documenté qu’est l’alcoolisme.

Attention, il n’est pas question d’interdire l’alcool, mais bien de ne pas le promouvoir. C’est le produit non-essentiel par excellence, personne n’est jamais mort de ne pas en avoir consommé.

L’inverse n’est pas vrai cependant, plus particulièrement dans le Nord, bien qu’une baisse dans les volumes consommés est observée, les troubles liés à sa consommation persistent.

Patchwork de publicités pour l’alcool observée dans les Hauts-de-France

Un vœu pour la santé publique 🔗

On a toutes et tous dans notre entourage une personne alcoolique. Ceci devrait nous faire réfléchir. Et si notre meilleur vœu était simplement de supprimer la publicité ? A minima pour les produits nocifs que sont l’alcool mais aussi la malbouffe.

Aujourd’hui, il faudrait rationaliser notre usage de ressources qui se raréfient et qui s’accompagne d’une pollution inutile générée par la création de besoins quand les conditions essentielles de subsistance d’une partie de la population en France ne sont même pas assurées (15% d’entre nous vivons sous le seuil de pauvreté).

Selon les échelons, il n’est pas toujours possible d’agir, mais au niveau des collectivités locales, on peut (on doit de mon point de vue) supprimer la publicité de l’espace public. On ne peut d’un côté souhaiter une bonne année aux citoyen·nes et de l’autre les encourager à consommer des boissons représentant un risque de dépendance important.

Les métropoles de Grenoble et de Lyon ont commencé un long travail de suppression des publicités de l’espace public, sous l’impulsion des maires écologistes.

Souhaitons que ces exemples fassent date. À Douai, un magazine (Douai Notre Ville) est distribué à chaque habitant·e, pour le département du Nord, idem (Nord Infos), quelle valeur ajoutée offerte par ces sucettes au regard des inconvénients importants qu’elles générent ? Dans ces magazines, nous trouvons déjà les vœux de nos élu·es, alors, pour qu’ils soient sincèrement reçus, il me semble qu’il est de bon ton d’éviter la pollution visuelle et sociétale que représentent toutes ces publicités.


Pour les personnes curieuses de connaitre l’origine du titre de cette publication et qui n’ont connu, ni les Deschiens, ni le minitel, une petite vidéo de la fameuse émission “3615 code Kinenveut”.


Sinon, notre groupe local des écologistes du Douaisis a organisé un moment convivial pour ses vœux 2024. Petite nuance, cependant, mis à part le chauffage d’une pièce pendant quelques heures, les effets de bords négatifs étaient très réduits. Et puis, c’est pas plus mal de se souhaiter de bons vœux directement plutôt que par panneaux interposés 😉. Je vous quitte avec une question à choix multiples.

Quel rapport entre le budget des vœux des Écologistes du Douaisis et de Douaisis Agglo ?

  • réponse A : 10 ,

  • réponse B : 100,

  • réponse C : 1000,

  • réponse D : Kamoulox.

Publié le dimanche 10 mars 2024 à 18:00:00.