L'écologie dans le Douaisis, avec et pour vous !Nicolas Froidure

Soirée “Notre France, parlons-en” du PS à Douai

Photographie d’Olivier Faure et Frédéric Chéreau dans la réunion publique

Dans une interview sur Europe 1, Sandrine Rousseau a découvert, comme moi, une citation de François Mitterand : « le centre n’est ni de gauche, ni de gauche ». Comme elle, je n’ai pas ce dernier pour modèle, cependant, je me pose la question de ce qu’il dirait d’une gauche qui louche vers le centre.

C’est dans cet état d’esprit que je me suis rendu à la réunion du Parti Socialiste organisée à Douai dans la continuité d’un tour de France en plusieurs étapes.

Pour l’occasion, le PS a mis les moyens en recrutant une agence (agence Grand Public) qui a fait chauffer les téléphones pour recueillir un certain nombre de témoignages de personnes plus ou moins proches du PS pour leur demander leur avis (avec quelques coups de brosse sur les egos), et surtout, leur proposer de venir l’exprimer en personne lors de cette soirée (selon mes sources, la technique de l’entonnoir a été utilisée).

🔗Des témoignages touchants

Photographie d’ensemble de la réunion publique

Commençons par le positif. Un certain nombre de témoignages étaient réellement puissants dans la petite capsule vidéo projetée au début de la réunion.

Des témoignages qui redonnent foi en notre capacité à penser et vivre le collectif, à y voir ce qu’il a de positif et de concret.

Des belles leçons de solidarité et de clairvoyance, parfois inattendues, je pense, en particulier, à celle d’un enfant qui a démontré que la valeur n’attend pas le nombre des années.

🔗D’autres témoignages plus intrigants

On peut imaginer que la volonté était de fournir un regard exhaustif sur ce que pensent réellement nos concitoyen·nes. Mais je suis dubitatif sur la portée militante de cet exercice.

En effet, comme l’a relevé une intervenante, sur le plan sociologique, c’était extrêmement intéressant. Mais, la politique, ce n’est pas de la sociologie, elle doit s’inspirer de ses travaux, certes, mais notre devoir est de porter des convictions.

Connaissant la difficulté que nous avons à mobiliser les français·es pour discuter de la chose politique, considérant les moyens humains et financiers importants mis dans l’attraction de personnes autour de cet évènement, je trouve regrettable qu’il n’ait finalement aucune portée militante, qu’aucune idée, aucune solution, n’y ait été exprimée. Un simple relevé de doléances (renvoyant aux fameux cahiers).

Pire, en relayant, sans filtre, certains sophismes populaires, sous les semblants d’avoir été dans une démarche d’écoute, c’est une forme de validation implicite qui est apportée à des personnes non politisées nassées dans les salles d’Anchin pour l’occasion.

Toute cette énergie pour, au final, exposer des personnes dépolitisées à des clichés anti-immigration, à la défiance la plus absconse vis à vis du politique ou encore au rejet des populations précaires.

Et pour les quelques militant·es présent·es sur place, rien de nouveau. Il suffit de faire des tractages et des portes à portes fréquents et dans des lieux hétérogènes pour connaitre l’avis des français·es. Oui, nous sommes parfois confronté·es à des discours difficiles, mais les relayer sans les déconstruire me semble être une faute politique (j’ai moi-même relaté et déconstruit sur ce blog le discours d’un électeur RN de Lécluse).

🔗Un cadrage serré

Ceci est d’autant plus regrettable qu’il est difficile de mettre ces témoignages sur le compte de l’aléa de toute réunion publique : dans l’esprit, on ne sélectionne pas les participant·es. Je vous laisse d’ailleurs deviner si j’étais invité 😇.

En effet, au delà des capsules vidéos choisies, les trois quarts des prises de paroles étaient arrangées en amont, souvent, des compléments par les personnes qui avaient été enregistrées et qui avaient, pour la plupart, été rencontrées (et j’imagine, sélectionnées) par les salarié·es de l’agence mandatée.

J’ai d’ailleurs demandé à intervenir afin d’éprouver l’aspect réellement participatif de l’exercice car, j’ai douté, il est vrai, de la sincérité de la démarche. Après un peu de persévérance, j’ai cependant pu verser quelques mots au débat. Dont acte.

🔗Une communication étonnante

Photographie d’Olivier Faure tendant la main à un citoyen.

Difficile pour un écologiste de ne pas remarquer l’absence de fleurs. À défaut de tournesol, j’étais en droit d’espérer, au moins, pouvoir trouver quelques roses.

En lieu et place de celles-cis, les trois couleurs étaient arborées fièrement accompagnées d’une Marianne dont on peine à distinguer si elle hurle, ou bien, si elle est aux abois. Force est de constater que le cadrage ne permet pas de savoir si son poing est levé.

Une identité visuelle qui aurait pu être utilisée pour un second débat sur l’identité nationale (lancé sous la présidence de Nicolas Sarkozy en 2009). Je préfère ne pas penser à un appel du pied à l’électeur nationaliste sous la forme du bien connu « sifflet à chien » et penser à une maladresse.

🔗Des militant·es à la rescousse

Heureusement, il y a eu quelques personnes politisées pour mettre en cause certains témoignages, j’ai notamment apprécié, et je l’en remercie de nouveau, l’intervention de Jeanine Marquaille, militante historique du Parti Socialiste dans le Douaisis, qui a rappelé, suite à une intervention anti-écologiste primaire (applaudie par une partie de la salle…), que l’écologie et le social sont intrinsèquement liés. J’ai coutume de répondre à celleux qui disent, à raison, que l’écologie sans social c’est du jardinage, que le social sans écologie, c’est de l’enfumage.

D’autres interventions ont rappelées les différents renoncements du Parti Socialiste, et ça tombait bien, car c’était conscient de ceux-ci que je souhaitais faire passer un message aux socialistes du Douaisis.

🔗Le Nouveau Front Populaire doit tenir bon

Photographie d’Olivier Faure tendant la main à un citoyen.

En effet, personne n’ignore, qu’actuellement, les guerres intestines du PS vont bon train et qu’une partie de leurs troupes voudraient bien participer à la comédie gouvernementale actuelle. Selon Politis, tous les leviers seraient actuellement activés pour déboulonner Olivier Faure.

C’est pourquoi j’ai tenu à remercier Olivier Faure d’avoir su, jusqu’à présent, maintenir sa ligne favorable au NFP et au programme qu’il porte tout en l’alertant (ainsi que l’auditoire présent) sur les conséquences délétères d’un potentiel renoncement supplémentaire.

Ce ne sera pas simple, en effet, au national, d’abord, car lors du congrès du parti socialiste en 2023, la ligne Faure avait emporté la majorité de justesse avec 50.8% des voix.

Et d’autant plus à Douai, où, malgré l’investiture de Frédéric Chéreau, ce dernier ne semble pas vouloir entretenir la dynamique NFP malgré la quasi certitude d’une élection législative en juillet ou septembre 2025.

D’ailleurs, localement, la ligne Faure ne l’a pas emporté dans la section locale de Douai qui s’est inclinée face à la ligne du Hollandisme (dont Frédéric Chéreau se réclame parfois). On a pourtant pu mesurer ses effets ultimes : 7 ans de Macronisme (si on ne prend pas en compte ses années de Ministre de François Hollande) et une France dont les fondamentaux solidaires ont été mis à sac.

🔗En conclusion

Pour conclure, je sors déçu de cette réunion, absolument pas politique, encore moins militante. Elle a tranché clairement avec les deux autres réunions auxquelles j’ai assisté récemment.

Celle d’Aurélien Le Coq, de la France Insoumise, venu aux corons verts à Dorignies, très verticale (aucune question possible de la part du public), mais très politique dans sa teneur.

Celle avec les élu-es écologistes du département du Nord très participative et enrichissante. L’Observateur du Douaisis a rapporté le contenu de celle-ci dans ses colonnes.

De quoi continuer de forger ma conviction qu’ensemble, les partis du Nouveau Front Populaire, pourraient bien mieux faire 😉. Pour cela, l’impulsion de la société civile sera fondamentale, notamment localement. J’ai eu l’occasion de le redire récemment à l’occasion du rassemblement place d’Armes suite au 49.3 engagé par Michel Barnier.

Publié le vendredi 20 décembre 2024 à 19:00:00.